Quelle antibiothérapie pour demain ?

L’antibiothérapie, au XXe siècle, marquait un grand tournant dans la lutte contre les maladies infectieuses. Cette arme nouvelle semblait un acquis définitif, la confiance régnait. On ne pouvait imaginer les désillusions qui allaient survenir… Mais des solutions naturelles existent : les plantes antibiotiques sont nombreuses à travers le monde, répertoriées dans les médecines traditionnelles. Il reste à élaborer de véritables traitements pour les maladies infectieuses les plus sévères.
La prescription des antibiotiques et, en partie, celle de la pénicilline avait débuté dans l’euphorie par de faciles et rapides victoires. De faibles doses terrassaient les germes infectieux. Mais survint un fait dérangeant. Au fil du temps les doses, pour être actives, devaient être renforcées.
Il fallut ensuite se rendre à l’évidence : les antibiotiques, les uns après les autres, perdaient leur efficacité, les germes ayant acquis résistance et multirésistance. Le dernier acte de cette évolution a été la survenue des maladies nosocomiales que les hôpitaux ne parviennent pas à éradiquer. Ces lieux, considérés comme de haute hygiène, sont devenus des concentrés d’agents bactériens qu’aucun des moyens mis en œuvre par la médecine officielle ne parvient à neutraliser.
Ainsi, après avoir suscité les plus grands espoirs, l’antibiothérapie n’aura été qu’un feu de paille qui aura éclairé un court moment la médecine occidentale et laissé ensuite en héritage un champ dévasté, où les germes les plus virulents demeurent maîtres de la situation.
La parade illusoire
Les laboratoires pharmaceutiques, pour pallier ces difficultés, ont pris l’initiative « d’accrocher » certaines molécules aux produits anciens. Un exemple est donné par la pénicilline devenue aminopénicilline, carboxypénicilline, uréidopénicilline. Des manipulations comparables ont affecté d’autres antibiotiques. Mais rien n’a été résolu par ces produits « rénovés », les phénomènes de résistance étant inéluctables. 
On piétine dans les mêmes ornières, la médecine officielle n’aperçoit aucune lueur à l’horizon.
La situation serait-elle désespérée ?
La réponse serait affirmative si l’on persévérait dans cette voie sans issue. L’espoir repose sur les richesses de la nature, les capacités de ses flores médicinales. Les plantes aux vertus antibiotiques sont nombreuses à travers le monde. Elles sont utilisées depuis les temps anciens par les médecines traditionnelles d’Asie et d’Afrique pour le traitement des maladies infectieuses.
L’Europe est également pourvue de ces plantes bénéfiques mais le savoir les concernant a été en grande partie perdu. D’autre part, la formation universitaire au XXe siècle est demeurée étrangère à ce champ de connaissances. Fort heureusement, la phytothérapie et l’aromathérapie ont repris le flambeau. Leurs activités très intéressantes constituent un début prometteur mais il reste à élaborer de véritables traitements pour les mladies infectieuses les plus sévères.
Ce type de recherches devrait être mené par des équipes de médecins et de pharmaciens qui, explorant les savoirs du passé, parviendraient à doter la médecine de demain de thérapies inédites autant qu’efficaces.
Inventaire des plantes antibiotiques d’Europe
Un certain nombre de plantes antibiotiques d’Europe sont connues dans les régions tempérées et méditerranéennes. Mais les données sont incomplètes. Il importerait d’ajouter les espèces jamais citées des pays du Nord : Etats baltes, Norvège, Suède, ainsi que des pays d’Europe centrale et orientale. Ce grand inventaire ouvrirait de larges perspectives.
Les ouvrages de langue française mentionnent les plantes suivantes :
ail, alliaire, angélique, aunée,
bardane, basilic, bruyère, buis, busserole,
camomille, capucine, chardon bénit, chêne, chiendent,
eucalyptus, fève des marais, fraisier,
genévrier, germandrée, petit chêne,
germandrée aquatique, germandrée-sauge des bois, grande joubarbe
houblon,
laurier, lavande,
marrube blanc, mélilot, myrte, myrtille,
noyer,
pâquerette, peuplier, prunier
ronce, rose,
sarriette, sauge, serpolet, solidago, souci,
thym.

Aunée (Inula helenium)
L’art d’utiliser les plantes
Connaître l’ensemble des plantes antibiotiques d’Europe constituerait un premier pas. Prescrites sous forme de « tisanes », elles pourraient se révéler précieuses mais tel n’est pas l’objectif visé. Elles représentent les éléments de base pour l’élaboration de formules plus ou moins complexes.
La démarche suivante explique l’art de les associer selon les maladies infectieuses à traiter et de déterminer les modes de préparation les plus efficaces. C’est ainsi que procèdent les médecines traditionnelles des divers continents.
On pourrait ainsi disposer de mélanges de poudres, décoctions de plus ou moins longue durée, d’extraits alcooliques, d’huiles médicamenteuses, de vins et vinaigres médicinaux, etc.
On peut comprendre que ces associations apporteraient de grands avantages. Les plantes antibiotiques unissant leurs forces, mobilisant l’ensemble de leurs principes bénéfiques, constitueraient une stratégie à même d’éviter les résistances des germes et d’assurer une efficacité constante au fil du temps. Les agents infectieux peuvent résister à un seul produit adverse, pénicilline ou autre, mais ils sont terrassés sous l’attaque de muliples assaillants formant une grande armée.
Les réalisations en cours
Les recherches pour l’élaboration d’un art pharmaceutique adapté à la médecine de demain ont été initiées. Elles demeurent pour l’instant inconnues.
Les formules phytothérapeutiques proposées pourraient apporter leur concours lorsque la situation au niveau des maladies infectieuses atteindra un niveau d’urgence tel que le retour à la nature deviendra un impératif absolu.
Il serait souhaitable que les recherches initiées prennent rapidement une grande ampleur dans tous les pays d’Europe, afin d’acélérer le renouveau de la thérapeutique envers les agents pathogènes.
Les remèdes anciens
Parallèlement à l’élaboration de formules nouvelles, il conviendrait de ne pas négliger les remèdes anciens qui avaient fait leur preuve. On peut citer, en particulier, le vinaigre des Quatre-Voleurs d’un grand intérêt au cours des épidémies de peste.
Un répertoire devrait regrouper à partir de toutes les pharmacopées d’Europe les préparations qui avaient connu autrefois une grande renommée.
Les huiles essentielles
L’aromathérapie, en ce début du XXIe siècle, prend un essor considérable. Cette thérapeutique, en quelque sorte redécouverte, remonte aux temps les plus anciens.
Il y a 4000 ans, la Chine, l’Inde, la Perse pratiquaient la distillation des huiles essentielles. D’où leur venait ce savoir ? Les Egyptiens faisaient grand usage des essences. En Europe, au XIIe siècle, les Arabes pratiquaient à leur tour l’extraction de ces remarquables substances aromatiques.
Le nombre des huiles essentielles connues à travers le monde dépasse les deux cents soixante. Elles ont fait l’objet de vastes études, plus de dix mille constituants ont été identifiés.
On peut citer les plus connues en Europe : ail, basilic, bergamote, camomille, citron, eucalyptus, genévrier, géranium, girofle, lavande, menthe, niaouli, oignon, origan, pin, romarin, sarriette, sauge, thym.

Sauge (Salvia officinalis)
Propriétés des huiles essentielles
L’ensemble des H.E. sont anti-infectieuses. Mais certaines d’entre elles agissent plus spécifiquement sur une sphère donnée : affections pulmonaires, intestinales ou rénales,
D’autres propriétés remarquables viennent s’y ajouter :
⦁ antivirales
 antifongiques
 antiparasitaires
 antiinflammatoires
 anticatarrhales
 antihistaminiques
 anticoagulantes
 immunorégulatrices
 antalgiques
 anxiolytiques
 insectifuges et insecticides
 désodorisantes
 désinfectantes des locaux (hôpitaux et autres), etc.
Les H.E., par leurs capacités très étendues, apportent des armes incomparables pour le traitement des maladies infectieuses et des symptômes et désordres qui les accompagnent. Il apparaît qu’elles auront un grand rôle à jouer dans l’antibiothérapie de demain.
Réflexions
1- La thérapeutique de la médecine du XXe siècle, basée sur la chimie et les antibiotiques aborde le temps du sursis. L’Europe doit donc reconstituer l’équivalent d’une médecine traditionnelle – ou du moins ce qui pourrait au mieux s’en rapprocher – telle qu’en disposent les autres continents.
2 – Les médecines traditionnelles reposent sur une vision de l’univers et une approche globale du patient. La médecine de demain devra retrouver cette dimension.
3 – La médecine occidentale s’est voulue « rationnelle », « cartésienne », basée sur les symptômes extérieurs, les chiffres des analyses de laboratoire, l’imagerie de techniques avancées. Elle s’est ainsi déshumanisée, est devenue stressante, sans véritable réconfort pour les malades. Le retour prévisible à la nature, guidé par la sagesse ou imposé par la pression des impératifs écologiques, devrait permettre d’écarter les défauts de l’extrême rationalité.
4 – De grands bouleversements précéderont la médecine de demain. Ils atteindront aussi les enseignements médicaux et pharmaceutiques dispensés dans les universités.
Il importe de préparer la phase de transition afin qu’il n’y ait pas rupture de soins thérapeutiques, préjudiciable aux patients. Le retour à la nature devrait permettre à la médecine occidentale de retrouver l’aura qu’elle a perdue et de répondre ainsi aux attentes des patients.
Dr Yvette Parès, 9 septembre 2009

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