TEXTES ET ENTRETIENS

Les plantes, une nouvelle espérance pour la santé de demain

PAR DJIBRIL BÂ, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL HÔPITAL TRADITIONNEL DE KEUR MASSAR

Jamais, dans l’histoire, l’humanité n’a été aussi interpelée par les questions de sa propre survie sur Terre. Quel rôle les plantes sont-elles appelées à jouer dans cette pérennité de la vie ? Lisez les réponses de Djibril Bâ, secrétaire général de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, extraites de son intervention au colloque Denis Guichard, le 22 octobre 2011.

Pourquoi les microbes délaissent-ils leurs hôtes naturels pour s’attaquer à l’homme ? Pourquoi, par exemple, le virus du sida, hôte naturel du singe, a-t-il éprouvé le besoin de venir habiter le corps humain ? Pourquoi les microbes sont-ils devenus plus méchants, plus que de raison, à notre égard ? Pourquoi les médicaments censés guérir rendent-ils plutôt malades ? Pourquoi le milieu hospitalier aseptisé est-il devenu un réservoir de microbes ?

Quelle est la cause de ces nouvelles maladies ?

Sortir de notre torpeur

Nous nous demandons si ces questions ne constituent pas une invite à sortir de la torpeur dans laquelle nous a précipités l’essor fulgurant de la réussite, l’écho retentissant du succès de la médecine dite moderne, une torpeur charriant un sentiment lénifiant de sécurité et de confort qui est un un leurre ! Car la méthodologie de cette médecine préfigurait bien une course sur les toits, qui devait nécessairement prendre fin, de gré ou de force. En effet, saurait-il y avoir une issue heureuse à cette démarche qui consistait d’abord à isoler les principes actifs des plantes, puis à en faire des copies artificielles ?

Il est tout aussi permis de nous demander si les personnalités qui nous interpellent ici ne nous demandent pas tout simplement de nous réconcilier avec la nature… D’autres personnalités, en face d’elles, avaient, elles aussi, choisi de faire œuvre de pionniers. Ces personnalités ont lancé des expériences concrètes qui attestent leurs qualités de visionnaires, sans équivoque aujourd’hui.Nous citerons parmi celles-là feue le Professeur Yvette Parès qui fut au départ d’un challenge unique sans doute au monde avec la fondation de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar au Sénégal. C’était une entreprise téméraire car il s’agissait de braver la loi qui interdisait, sur le plan officiel tout au moins, la pratique de la médecine traditionnelle, pour sauver le maximum de personnes à la marge du système sanitaire officiel… mais aussi une œuvre où la plante en tant que totum végétal retrouvait toute sa noblesse. Toujours au titre de ces expériences concrètes, nous pouvons également citer l’association française Jardin du Monde

Ces expériences militent en faveur de la réconciliation de l’homme avec la nature, donc avec les plantes. Simple question de bon sens, peut-être… En effet, l’homme a, au cours des siècles, su trouver auprès de Dame Nature, voisine généreuse et profuse, des ressources pour concevoir les produits les plus divers, tant du point de vue de leur forme que de leur destination, pour prendre en charge ses préoccupations en matière de santé.

Et nous ne devons pas oublier que, très fréquemment, ce patrimoine épouse largement les contours de son ancienne alimentation au vu de la coïncidence entre plantes comestibles et plantes médicinales.

Les plantes en pole position

En quoi les plantes constituent-elles une nouvelle espérance pour la santé de demain ? Est-ce à dire que l’humanité en est arrivée à oublier la richesse inouïe que les générations d’hommes et de femmes ont constituée au fil de leur compagnonnage avec les plantes et dans la nature ? Comment se fait-il que l’on ait oublié à ce point notre dépendance atavique et multiséculaire vis-à-vis des plantes quant à notre nourriture, notre vêtement, notre habitat et notre santé ?

Si les plantes ont cessé, dans certaines parties du monde, d’être un fondement d’espérance de santé pour rester le seul recours dans d’autres contrées, ce n’est assurément pas la faute de la seule médecine dite moderne, si on devait lui imputer une parcelle de responsabilité…

La faute en incombe au premier chef à l’homme. Car l’histoire nous enseigne nombre de fois où nous autres hommes, par notre comportement orgueilleux et égocentrique nous nous sommes mis dans une fâcheuse position de provoquer la nature et donc le Seigneur, notre Maître et celui de la nature, aussi.

Il ne peut s’agir d’une découverte des bienfaits des plantes en matière de santé, mais tout au plus d’une redécouverte. Ou d’un appel ayant pour objectif l’enrichissement des pratiques et approches traditionnelles fondées sur les savoirs anciens concernant les plantes, savoirs développés au sein de communautés diversifiées, en s’inspirant du progrès scientifique et technique pour promouvoir des phyto-médicaments ou pour concevoir de nouveaux produits pharmaceutiques. Ou mieux encore, le sceau d’une nouvelle relation entre ce que l’on a coutume de désigner par ethnobotanique et la recherche scientifique et technique…

Toujours est-il que les plantes retrouvent leur pole position ; les succès dont elles sont créditées dans les traitements de plusieurs pathologies ne se comptent plus. Tout se passe de nos jours comme si l’homme redécouvrait les plantes. Et il est très heureux de pouvoir mettre ce nouvel engouement pour les plantes en corrélation avec les nouveaux appels pour une alimentation saine, une agriculture bio et un mode de vie plus proche de la nature. Cette corrélation est très importante. Notre monde est à un carrefour de son évolution. La raison commande de changer d’optique.

La santé, une réalité multiforme

Un fait mérite d’être rappelé. La médecine dite moderne nous a valu beaucoup de victoires sur les maladies, victoires qui ont permis de sauver nombre de vies humaines. Une erreur serait, là encore, de ne privilégier que les propriétés médicinales des plantes. Car les plantes ne sont qu’un élément d’un tout qui forme l’Univers et leurs propriétés médicinales ne sont qu’un des aspects de leur nature, de leur utilité. Un Tout composé de diverses parties contribuant chacune de façon unique à l’équilibre du monde tel que nous l’avons du moins reçu des générations précédentes, et non pas tel que nous l’avons changé aujourd’hui à notre grande désolation, au point de nous émouvoir de la situation dans laquelle nous la transmettrons aux générations futures.

En effet, les plantes, à elles seules, peuvent-elles relever les défis actuels en matière de santé ? La santé est plutôt une réalité multiforme. Et comment concilier la localisation limitée géographiquement des plantes avec la globalisation des pathologies ? Déjà, nous en voyons les résultats effrayants induits par leur surexploitation dans certains pays où l’écrasante majorité des populations n’a pas accès, géographiquement ou financièrement, aux structures sanitaires modernes, et encore moins aux médicaments dits essentiels et ne recourent de ce fait qu’à la phytothérapie traditionnelle.

Il s’agit plutôt, à notre humble avis, d’être davantage conscient des équilibres de la nature et d’essayer de restaurer ceux que nous avons rompus, sciemment ou non. Cela ne nous empêche pas de nous demander si la nature a vraiment besoin de notre aide… elle qui fut créée par le Seigneur au soir du troisième jour, cependant que l’homme ne le fut qu’au bout du sixième jour…

Pour notre part, les plantes resteront tant qu’elles existeront un recours de premier choix contre les maladies de l’homme. Encore faut-il qu’il se donne les moyens de conserver sa santé en minimisant les risques de la perdre. Sans doute faut-il privilégier le préventif au curatif dans le cadre d’une nouvelle approche thérapeutique qui donne la même importance au corps qu’à l’âme. Car le corps n’est-il pas le messager de l’âme ?

Or la meilleure des préventions réside dans une vie saine, dans un mode vie plus conforme à la nature. Veiller davantage sur ce que l’on mange, sur ce que l’on boit, sur ce qu’on respire, sur tout ce qui concourt à la vie… non pas seulement des êtres humains, mais de l’univers…

Bref, si nous voulons que les plantes puissent jouer pleinement leur rôle et être présentes à chaque appel de la nécessité, il faudrait bien qu’elles se retrouvent, dans tous les sens du terme, dans nos corps, les corps des hommes !

Entretien avec Walfadjri

Entretien avec le docteur Yvette Parès – 18/06/2003

Le malade du sida qui arrive à Keur Massar avec de nombreuses maladies opportunistes, prêt à rendre l’âme, n’en guérira pas. Le Dr Yvette Parès est formelle : la médecine traditionnelle ne permet d’arrêter la maladie et la faire reculer que si le malade arrive assez tôt à son hôpital de la banlieue dakaroise. Mais, prévient-elle dans l’entretien qu’elle nous a accordé, la maladie étant due à un rétrovirus qui peut se cacher longtemps, il faut poursuivre le traitement pendant plusieurs années.

Wal Fadjri : Pourquoi avez-vous ouvert l’hôpital de Keur Massar ?

Dr Yvette Parès : Pour deux raisons. La première est une raison scientifique. J’étais professeur à l’université de Dakar, mais aussi directrice du Centre de recherches biologiques sur la lèpre. Deux de mes travaux ont abouti à la culture du bacille de Hansen, un germe très récalcitrant qui avait résisté à tous les essais de culture de nos devanciers depuis cent ans. Nous avons eu la grande chance d’y arriver. Une fois la culture obtenue, il devenait possible d’effectuer des antibiogrammes et de rechercher ainsi la valeur des plantes anti-lépreuses des pharmacopées africaines. Les résultats de ces antibiogrammes ont montré que les plantes réputées majeures étaient bonnes pour combattre le bacille de la lèpre.

L’autre raison est éthique. Lorsqu’on était constamment en contact avec les malades lépreux pendant des années, on pouvait constater que, malgré la chimiothérapie, les sulfanes, les sulfamides-retard prescrits et reçus pendant de nombreuses années, les malades, au lieu de s’améliorer, étaient toujours en état plus lamentable.

J’ai constaté qu’ils portaient des ulcérations. C’étaient des paralysés, ils avaient des maux perforants plantaires, des ophtalmies… Bref, un grand nombre d’infirmités qui leur rendaient la vie très pénible. Ils souffraient de toutes sortes de douleurs, en particulier les névrites. Et un jour, j’ai pensé qu’on ne pouvait pas les laisser dans cet état, qu’il fallait essayer de faire quelque chose. Ce qui n’était pas facile. En réfléchissant, j’ai pensé aux thérapeutes africains qui sont réputés dans le traitement de la lèpre. Mais il y avait un obstacle : la médecine africaine appartient à l’Afrique et est transmise de père en fils ou d’oncle à neveu, ou bien d’un maître à un étranger qui en fait la demande et qui est digne d’être enseigné. Mais toujours entre Africains. Or, j’étais européenne, en plus docteur en médecine moderne. Ce qui n’arrangeait pas les choses. Mais, dans mon service à l’université, il y avait un homme de grande valeur morale : Yéro Bâ, le père de Djibril Bâ

(ce dernier nous a servi de guide lors de notre visite à l’hôpital de Keur Massar, Ndlr). Je m’en suis ouverte à lui, en lui faisant part de mon souhait de rencontrer des thérapeutes. Il n’a pas répondu tout de suite. Mais sans faire de bruit, comme tous les Peuls qui sont très discrets, il a fait des démarches. Et quelques semaines plus tard, il m’annonce qu’un thérapeute très âgé, Dady Diallo, qui avait 88 ans, acceptait de me rencontrer. Pas encore de m’enseigner, mais de me rencontrer. Quand le maître est venu à l’université, en mars 1979, notre entrevue a été assez éprouvante. Il était très intimidant. Avec des yeux qui vous transperçaient au point qu’on se demandait s’il ne lisait pas jusqu’au fond de votre âme. Finalement, il m’a accordé sa confiance. Mais c’est neuf mois plus tard (en fin décembre) qu’il est revenu pour dire qu’il allait m’enseigner. Mais que ce n’était pas un enseignement de bureau. Trois jours plus tard, à 5 h du matin, nous sommes allés en brousse pour commencer la récolte des plantes anti-lépreuses. Les premières qu’il allait me montrer. Quand nous sommes partis, il faisait encore nuit. Et nous avons travaillé jusqu’à 14 h sans manger ni boire, sans parler. Oui, les taalibe suivent une discipline rigoureuse. Et, quand bien même j’étais à l’époque professeur à l’université, docteur ès sciences, docteur en médecine, je n’étais à ses yeux qu’un taalibe. Je n’avais qu’à suivre la discipline ou alors me retirer. C’était l’un ou l’autre. J’avais confiance en Dady Diallo. Nous sommes sortis très souvent en brousse et avons récolté beaucoup de plantes que nous avions fait sécher. Un jour, il m’a dit que nous allions préparer les premiers médicaments du traitement de la lèpre. Il y avait des médicaments, pas compliqués à faire, mais nombreux. C’étaient des traitements du début de la lèpre. Parce que ce n’est pas comme en médecine occidentale où l’on donne les sulfanes, les sulfamides retard et puis c’est fini. Non, il y a d’abord le traitement préparatoire, ensuite deux traitements qui redonnent du tonus, un peu de forces. Puis, il y a le traitement de fond qui se réalise en plusieurs étapes. On change les associations de plantes à peu près tous les six mois. Et il y a le traitement final et le traitement anti-rechute. Ce traitement comporte les plantes antibactériennes, anti-microbactériennes, mais également, on associe des plantes pour les différentes lésions. Des plantes qui empêchent les paresthésies, les sensations de brûlure, d’autres qui préviennent les mutilations, et d’autres encore qui améliorent les lésions osseuses, nerveuses, etc.

En plus, les traitements externes contre les ulcérations, les œdèmes, les maux perforants plantaires. Donc, rien que le traitement de la lèpre exigeait un temps très long pour, non pas le maîtriser (parce qu’il est très compliqué) mais déjà pour savoir bien le manier, et rendre de grands services aux malades. La médecine africaine, je l’abordais donc par l’une des maladies les plus graves, les plus difficiles à traiter. Et j’ai découvert une thérapeutique qui m’a émerveillée. Jamais je n’avais imaginé que le traitement de la lèpre en médecine africaine puisse être aussi élaborée, aussi complexe et aussi efficace. Parce qu’il faut dire que nos patients, après avoir été traités pendant un temps suffisamment long (nous avions des malades très avancés dans leur maladie) avaient fini par reprendre un visage humain, une allure humaine et beaucoup d’entre eux ne présentent plus de séquelles. Ils ont pu, pour certains, exercer des professions très valorisantes. Les autres ont retrouvé leur métier de cultivateurs, de pêcheurs, d’artistes, de faiseurs de pots de fleurs ou tous les petits métiers qui peuvent être exercés. Alors que normalement, ils étaient devenus des loques humaines. Mais après le traitement, ils ne sont plus rejetés par la société. Ils étaient redevenus très convenables d’aspect. Avec un beau boubou, on ne saura pas qu’ils avaient eu une maladie.

Nous avons aussi soigné des enfants. La lèpre débutante chez les enfants se soigne quand même beaucoup plus vite que celle avancée pour les adultes. Il y a des traitements particuliers pour les enfants. Autre chose de capital : pour les enfants nés de parents lépreux, qui sont déjà contaminés dès la naissance, il y a des traitements préventifs. Ainsi, ceux qui sont faibles et qui développeraient la maladie ne le feront pas, et pour ceux qui ne l’avaient pas développée, parce qu’ayant un caractère plus fort, un terrain meilleur, le traitement protecteur est tonique et vermifuge en même temps. Donc, ils n’ont que bénéfice à le prendre. Pour la lèpre, nous avons soigné et guéri, je ne sais combien de centaines de maux perforants plantaires, cette infirmité très handicapante. Ce que la médecine moderne ne sait pas faire.

Wal Fadjri : Quand avez-vous évolué de la lèpre aux autres maladies dans le traitement par les plantes ?

Dr Yvette Parès : De 1980 à 1984, nous n’avons fait que la lèpre. Mais il y avait des malades des environs qui venaient nous demander de soigner toutes les maladies. A leur arrivée, il n’y avait pas de structures pour les accueillir. Il fallait s’abriter dans la nature. Ce qui n’était pas une solution. Il y avait beaucoup de demandes, et avec l’aide d’une œuvre charitable, on a pu ouvrir une case de consultations externes d’abord, puis une salle d’accueil, une petite pharmacie et une salle d’attente. On a commencé, en 1984, à traiter toutes les maladies qui se présentaient. En 1985, il y a eu ici une journée médicale (il y avait, tous les deux ans, les Journées médicales de Dakar) et nos adversaires avaient choisi comme sujet la lèpre. C’était tout à fait extravagant, extraordinaire. Mais c’était avec un but bien défini : on devait condamner notre travail. Mais il y a eu, grâce aux journalistes, un renversement de situation. Et au lieu de venir fermer notre hôpital comme c’était l’enjeu, il y a eu un scandale provoqué par les journalistes, comme l’a dit le ministre. Toutes les chaînes de radio, de télévision qui étaient présentes au congrès sont venues ici. J’étais morte de peur quand je les ai vu arriver. Mais cela a fait un tel bruit au Sénégal que, quelques jours après, on a eu une arrivée de malades tellement grande que, du matin au soir, on n’arrêtait pas. Les thérapeutes n’avaient même pas le temps de prendre le moindre repos. Et nos réserves de plantes qui étaient grandes, avaient fini par s’épuiser. Finalement, on s’est organisé.

Entre-temps, Abdoulaye Faty était arrivé. Puis Maguèye Ngom. Ensuite, en 1985, c’était Ahmet Diaw. En 1986, Amady Sylla a complété notre groupe. Tous de très grands savants. On n’aurait pas pu faire un hôpital de médecine traditionnelle avec des thérapeutes de niveau moyen. Il nous fallait vraiment de grands maîtres pour pouvoir démarrer et prouver que la médecine africaine était une médecine à part entière qui pouvait soigner les maladies les plus graves, y compris celles où la médecine moderne n’apportait pas de solutions. En particulier, les hépatites, la drépanocytose qui est très répandue et d’autres.

Wal Fadjri : Qu’est-ce qui a motivé cette adversité ?

Dr Yvette Parès : C’étaient des années très dures. On peut comprendre que notre initiative était trop en avance sur les mentalités de l’époque où l’on avait inculqué à tout le monde, en Afrique comme en Europe, qu’il n’y avait qu’une seule médecine valable, celle moderne. Qu’elle était capable de tout faire, qu’elle était la meilleure, la championne. Je dois avouer que je l’ai cru moi-même, quand j’étais jeune médecin, alors que nous ne pensions qu’à sauver les malades. Mais d’un côté, les uns (les Européens) ont dû penser que nous allions défaire l’œuvre de la colonisation, et de l’autre côté, les Africains croyaient que nous allions les faire retourner à un état de « non-civilisation », de « sauvagerie ». Alors qu’en réalité, on montrait seulement qu’il y avait, dans l’intérêt des malades, la nécessité de s’orienter vers les savoirs qui apporteront des solutions. Nous n’étions contre personne. Nous n’avions avec Yéro Bâ et les thérapeutes, qu’une seule envie : sauver les malades par les meilleurs moyens possibles. Si la médecine pouvait le faire, qu’elle le fasse. Mais comme elle ne pouvait pas le faire, il fallait demander le renfort d’un autre savoir. C’était aussi simple que ça.

Wal Fadjri : Ne menaciez-vous pas, à un certain moment, les intérêts des médecins et pharmaciens modernes ?

Dr Yvette Parès : Nous, les médecins modernes – je me mets dedans parce que je l’ai été pendant un moment – nous pensions que nous étions les plus grands, les plus beaux, les plus forts. Et pour les médecins africains, acquérir le savoir des Occidentaux était une telle promotion que cela les rendait peut-être un peu vaniteux. Et ils ne voulaient pas perdre leur pouvoir. Et puis, ils étaient peut-être persuadés que c’était retourner en arrière que d’aller vers le savoir de personnes qui, dit-on, étaient analphabètes et illettrées. Mais j’ai dit et répété bien souvent : on peut ne pas avoir appris à lire et à écrire, mais être un très grand savant et un très grand sage. Alors qu’on peut être bardé de diplômes universitaires et n’être qu’un personnage médiocre. Il y avait aussi une concurrence qui jouait. Ils ne voulaient pas que d’autres aient autant de pouvoirs thérapeutiques. Et puis, il y avait l’orgueil des anciens maîtres du pays. Tout ça, c’est le passé. Il vaut mieux tourner la page et essayer maintenant de regarder l’avenir. L’avenir, ce serait que les deux métiers collaborent. On m’a demandé où était l’obstacle, j’ai dit que d’obstacle, normalement, il ne devrait pas y en avoir. Parce que, si des deux côtés, on se regarde avec respect, amicalement, cordialement, je ne vois pas où est le problème. Il n’y a pas de problème à échanger les savoirs. Que chacun soit raisonnable. Les thérapeutes, eux, sont raisonnables. Ils ne disent jamais de mal de la médecine moderne. Ils disent simplement à chacun de faire ce qu’il connaît et travaille en paix. Tandis que de l’autre côté, il y a constamment des attaques contre « ces illettrés, ces analphabètes, ces gens qui ne savent rien… ». Alors qu’en réalité, ce sont les savants d’Afrique.

Wal Fadjri : Des maladies contemporaines comme les Mst et le sida, êtes-vous parvenus à vaincre cette dernière pandémie ?

Dr Yvette Parès : Lorsqu’on traite un malade atteint du virus du sida, il faut qu’il soit à un stade encore réversible. S’il arrive avec de nombreuses maladies opportunistes, prêt à rendre l’âme, nous ne pouvons que le soulager. Mais s’il vient assez tôt, des traitements peuvent arrêter la maladie et la faire reculer, jusqu’à ce qu’il retrouve un état de bien-être et se sente « guéri ». Mais la maladie étant due à un rétrovirus qui peut se cacher longtemps, il faut poursuivre le traitement pendant plusieurs années. On ne dira que le malade est vraiment guérissable que, d’une part, s’il redevient séronégatif – et c’est déjà arrivé – et si, d’autre part, il est toujours en vie et en forme au bout de vingt ou quarante ans. Il nous faut le recul du temps pour affirmer qu’il y a une guérison sûre. Mais, a priori, pourquoi cette maladie ne guérirait-elle pas ? On nous a mis dans la tête qu’elle est inguérissable, que tous les malades vont aller vers des maladies opportunistes. Je dis non. Si on traite le malade suffisamment tôt, il n’aura pas de maladies opportunistes. La maladie sera stoppée et il retrouvera un état de grand bien-être. De l’extérieur, on vous chante des chansons qui vous troublent l’esprit. Que la maladie est inguérissable, qu’il n’y avait que l’Azt. C’est un grand mensonge. L’Azt est très toxique et n’a guéri personne. Au contraire, il donne des accidents secondaires. Maintenant, on nous chante la trithérapie. Où en sommes-nous avec elle ? Mais elle n’a jamais guéri personne. Il faut mettre tout ça dans la tête de tout le monde. A Paris, on meurt du sida. Pourtant, dans les hôpitaux parisiens, il y a de la trithérapie. Elle est très coûteuse, très pénible à prendre et donne des accidents secondaires graves. Dans certains cas, elle peut prolonger un peu une vie déjà misérable. Mais dans d’autres, cette vie est courte. Par des accidents cardiaques ou des dépressions suicidaires. Chez certains malades, elle provoque un trouble dans le métabolisme de l’épiderme. Le malade grossit de certaines parties du corps ; il devient difforme ; il ne se trouve pas beau et arrête le traitement. Là, il va y avoir la mort automatique. Le virus va muter, donc la trithérapie n’agira plus.

Les grandes avancées thérapeutiques, où sont-elles ? Où sont les malades guéris ? Où sont ceux qui vont mieux ? Regardez les malades sous trithérapie à la télévision. Ils ont tous le visage très triste, des airs vraiment fatigués. Alors, pourquoi dire des mensonges ? On a comme perdu le sens critique, à force d’entendre dire l’Oms par-ci, l’Oms par-là. L’Oms a un rôle à jouer, un rôle de sentinelle, pour dire qu’il y a le danger ici et là. Mais elle n’a pas le droit de dire qu’il n’y a pas de traitement. Il n’y a pas de traitement dans la médecine qu’elle gère, celle moderne. Mais il peut y avoir des traitements ailleurs. Et il y a des traitements en Afrique, en Asie. Peut-être en Amérique latine, avec les thérapeutes indiens et autres. Je n’en sais rien, là je n’affirme pas.

Wal Fadjri : Malgré vos résultats positifs, vous dites être combattus par les pouvoirs publics et les médecins. Mais les malades qui sont libres d’aller se soigner là où ils veulent, pourquoi ne viennent-ils pas ?

Dr Yvette Parès : Les malades, à force de s’entendre répéter que la maladie est inguérissable, ne croient plus à rien. On les a déjà tués rien que par ces paroles. Quand on dit à un malade « tu vas mourir, il n’y a rien à faire », il est déjà mort. Il n’a plus aucune force pour se mobiliser et essayer de s’en sortir. Il est déjà condamné. Ensuite, on a tellement dit que la médecine moderne était la seule valable qu’ils croient que si elle n’a rien, personne n’a rien. Aussi le malade a-t-il honte de son état et se cache. Il a peur qu’on le voit trop souvent venir un peu ici ou là. Il y a tout un conditionnement mental qui vient des affirmations de l’Oms, de celles de médecins. Des malades du sida, il y en a qui sont venus. Ceux qui ont de fortes personnalités, qui ont réussi à surmonter tous ces handicaps.

Wal Fadjri : Vous avez démarré sans moyens. Maintenant, où en êtes-vous en termes de moyens ?

Dr Yvette Parès : Nous avons eu la chance d’avoir des œuvres caritatives qui nous ont aidés, malgré les attaques et les rapports qui leur disaient de ne pas nous aider. Ça a été très dur. Mais maintenant, nous en avons assez de toujours tendre la main, et nous voudrions arriver à subvenir à nos besoins. Et puis, si nous devons participer à de grandes luttes contre le sida, le paludisme résistant, le diabète, les hépatites, il faut une aide officielle. Il faut une organisation officielle, des projets de conventions de partenariat. Nous n’allons pas prendre sur nos épaules, qui ne sont pas grandes, la santé de tout un pays. Il faut qu’il y ait, le plus vite possible, une collaboration amicale, cordiale.

Wal Fadjri : Vous disiez que les virus du paludisme, du sida… mutent et s’adaptent à certains médicaments, surtout s’ils sont mal ou pas traités. Etes-vous parvenus à prévenir cela à chaque fois ?

Dr Yvette Parès : Nos médicaments, ce ne sont pas des molécules chimiques isolées. Il y a de très nombreux principes antiviraux dans nos préparations, puisqu’il y a de nombreuses plantes antivirales. Si certains virus qui mutent échappent à tel traitement, ils vont être attaqués par d’autres principes qui sont dans les végétaux. Il y a un tel cocktail qu’on ne les rate pas. On n’utilise pas un seul type de balle, mais une mitraille venant de tous les côtés. C’est une comparaison que tout le monde peut comprendre. Ce serait donc étrange qu’on en échappe. Comme on peut changer les plantes, on n’est pas obligé de mettre toujours les mêmes préparations. Si, pour le paludisme, on est arrivé à des catastrophes, c’est parce que la médecine officielle avait opté pour la chimiothérapie (nivaquine, flavoquine, chloroquine…). On a mis un seul type de molécule contre les hématozoaires et certains ont échappé et sont devenus résistants. La chimiothérapie est devenue impuissante. La faute à qui ? A cette institution internationale qui a imposé les mêmes traitements dans le monde entier, si bien que le paludisme résistant est partout. Il va tuer beaucoup de monde. Il faut donc appeler les médecines traditionnelles africaines, asiatiques et autres dans les combats pour la santé. Elles ont un rôle éminent à jouer.

Wal Fadjri : Pensez-vous déjà faire quelque chose pour le traitement de la pneumonie atypique ?

Dr Yvette Parès : On va essayer de faire quelque chose comme on a fait pour le sida. Pour le sida, on n’avait rien. Mais on a essayé de se remuer et d’inventer, de mettre au point des formules.

Par : Propos recueillis par Demba Silèye DIA

Drépanocytoses, épilepsies, paralysies, diabète… Plusieurs centaines de maladies traitées – 20/06/2003

En plus de la lèpre qui aura fait sa réputation, on traite et guérit aussi, à l’hôpital traditionnel de Keur Masser, des drépanocytoses, des épilepsies, des paralysies, du diabète, de la stérilité… A l’hôpital traditionnel de Keur Massar, l’on soigne et guérit presque toutes les maladies. Même celles pour lesquelles la médecine moderne n’a que des calmants. A la section « Consultations externes », un tableau répertorie plusieurs centaines de maladies traitées et guéries dans ce centre, comme les drépanocytoses, les épilepsies, les paralysies, le diabète, la stérilité… Dans une des cases, Jean-Michel Bouré Diouf, qui travaille ici depuis 1982, enregistre les consultés. En face de lui, est accroché un diplôme. C’est le prix de la Fondation de France et de la Fondation Denis Guichard, remis le 12 décembre 2002 à l’initiatrice du centre, le professeur Yvette Parès (une dame qui frôle allègrement les 80 ans). Sur ce parchemin, sont inscrits ces mots : « Depuis 1980, la Fondation Denis Guichard (…) prime chaque année une personne pour son action en faveur de la défense de la nature, de la santé et de la vie. Cette année (2002, Ndlr) le prix de la Fondation Denis Guichard est remis au professeur Yvette Parès, docteur ès sciences, docteur en médecine, professeur à l’université de Dakar, directrice du Centre de recherches biologiques sur la lèpre, par son œuvre en faveur des médecines traditionnelles afin que soit reconnue la place qui est la leur dans le combat pour la santé. » A côté, on remarque la case de consultations Dady Diallo, « mon maître qui a vécu 102 ans. C’est le premier thérapeute que j’ai connu », selon le Pr Parès. Puis, il y a eu Abdoulaye Faty (qui est décédé l’année dernière), Ahmed Diaw, Hamady Diéw, Maguèye Ngom. A un moment, dans l’hôpital, il y avait trois Haal-Pulaar, un Sérère et un Mandingue. « Il y a une année au cours de laquelle nous avons accueilli jusqu’à 275 lépreux. Sans aide, tout en ayant tout le monde contre nous », ajoute Mme Parès. Sur les photos, l’on distingue les images de visites d’officiels, de ministres, d’ambassadeurs, de recteurs d’université et de chefs religieux.

Par : Demba Silèye DIA

Présentation des produits : Comment améliorer le contenant – 20/06/2003

Les pommades et les sirops sont présentés dans des bouteilles et des bocaux, tandis que les poudres sont dans des sachets. Ce qui provoque quelques petits pincements au cœur du docteur Mamadou Oumar Dia. Ce pharmacien industriel est un passionné à la phytothérapie qui collabore avec Mme Parès afin d’apporter une touche moderne à la formulation galénique (la présentation des produits) pour répondre à des impératifs de marketing. Le Dr Dia souhaiterait que « ces poudres et autres soient mises sous forme de gélules, élixirs…, afin d’améliorer les caractères organoleptiques (goût, odeur, etc.). Il faut qu’on améliore la présentation de ces médicaments. On doit travailler activement dessus avec les guérisseurs traditionnels ». Il s’agit de développer une synergie entre l’approche empirique du Dr Parès et celle moderne, afin de faire accepter plus facilement les médicaments à la majorité des patients. Pour cela, indique le Dr Dia, il faut développer quatre des cinq « P » du marketing : le produit lui-même dont on doit améliorer la qualité et le conditionnement, les prix qu’il faut rendre compétitifs, une publicité adéquate à mener et une promotion à appliquer. Il faut rappeler que la 1re année de la faculté de Médecine accueille, chaque année, trois cents étudiants. Et les six meilleurs d’entre eux sont toujours choisis pour être orientés en pharmacie industrielle.

Par : D. S. DIA

La santé par les plantes : Quatre-vingts produits pour soigner le sida – 22/06/2003

La médecine par les plantes a toujours permis de soulager l’homme. Mais depuis une soixantaine d’années, elle est combattue sans répit par la médecine moderne. Pourtant, cette dernière commence déjà à s’essouffler, alors que sa devancière garde toujours ses vertus.

« Pour lutter contre la pandémie du sida, un effort de coordination étendu à tous les savoirs médicaux de la planète » doit être fait, indiquait Boutros-Boutros Ghali, le 1er décembre 1992, au siège des Nations-Unies à New-York. Cette assertion, le docteur Yvette Parès de l’hôpital traditionnel de Keur Massar l’a faite sienne. Rien que pour le traitement du sida, on trouve en cet endroit situé à Keur Massar, près de vingt-quatre produits allant des décoctions complexes aux produits à usage externe, en passant par les mélanges de poudres. Il en est de même pour les diverses hépatites, la tuberculose, le paludisme, etc. Présentant sa structure en décembre 1999, le Pr Parès indique que, « depuis l’aube des temps, les humains ont toujours fait appel aux plantes pour soulager les maux et rétablir leur santé.

Ainsi, sont nées les nombreuses médecines traditionnelles qui ont traversé les millénaires, transmettant et accumulant les connaissances parvenues jusqu’à nos jours en vaste patrimoine thérapeutique. Dans ce long cheminement de l’humanité, il n’apparaît qu’une exception, la médecine moderne née en Europe, il y a soixante ans. Ses activités reposent sur des armes qui commencent déjà à s’émousser. Les antibiotiques, très efficaces à leur début, s’avèrent de plus en plus inopérants. Les substances chimiques dévoilent leurs effets secondaires souvent très graves. Cette médecine récente sera bientôt contrainte de demander le secours des plantes médicinales pour traiter ses patients. Il apparaît que la santé par les plantes ne pourra être contournée ». Mais, c’est pour ajouter, en se demandant si les ressources végétales seront suffisantes pour faire face à tous les besoins sanitaires.

Se limitant à la situation au Sénégal, le document rédigé par Mme Parès indique que les tradipraticiens ont manifesté leur inquiétude. Ils se demandent si, dans quinze ou vingt ans, il n’y aura pas une grave pénurie empêchant l’exercice normal de la médecine traditionnelle. Ils ont alors lancé un cri d’alarme à propos des sécheresses périodiques, les récoltes qui se font sans respect des plantes et de l’avenir, le pillage de certaines espèces pour des exportations si bien qu’elles sont en voie de disparition, les feux de brousse et les défrichements, l’insuffisance du reboisement des arbres médicinaux. A cela, il faut ajouter d’autres facteurs préoccupants comme l’augmentation des malades graves qui nécessitent des traitements de longue durée, l’accroissement des affections dites de civilisation (diabète, hypertension) les cas très nombreux de paludisme en période d’hivernage, la croissance démographique qui entraîne une plus grande potentialité de malades. Ce qui fait dire qu’il est urgent de chercher des remèdes à ce mal.

Parmi les solutions proposées, une étroite collaboration avec le monde rural et le service des Eaux et Forêts « qui ont un très grand rôle à jouer pour la santé des générations actuelles et futures ». Les plantes médicinales se répartissant en herbes, arbustes et arbres, des cultures de plantes herbacées pourraient être réalisées dans les villages. Mais pour préserver les vertus médicinales de ces plantes, leur culture exclut l’emploi d’engrais et de pesticides. La culture biologique de céréales telles que le riz, le mil, le maïs, coton… serait aussi très appréciée. Les arbustes ne sont pas difficiles à multiplier. Les arbres, eux, relèvent spécialement du service des Eaux et Forêts. C’est pourquoi les programmes de reboisement devront prendre en compte les arbres médicinaux. Pour certaines plantules qui entrent dans les soins des enfants, il est nécessaire de faire des pépinières naturelles. Mais il y a aussi les dérivés des végétaux, comme le miel, qui est utilisé dans un grand nombre de préparations, et qui doit être maintenu à l’état pur.

Mme Parès dégage des perspectives à moyen terme. Selon elle, « les besoins sanitaires toujours plus grands donnent à penser que, dans un avenir pas trop lointain, il y aurait nécessité de création d’une pharmacie centrale d’approvisionnement en médicaments traditionnels préparés sous la surveillance de thérapeutes de haut niveau. Dès lors, les cultures de plantes herbacées, arbustes, plantules et l’exploitation soigneusement réglementée des forêts d’arbres médicinaux trouveraient de larges débouchés ».

Par : Demba Silèye DIA

Du centre de soins a l’hôpital : La lèpre dans le rétroviseur et le sida en ligne de mire – 22/06/2003

De sa naissance à sa consécration, beaucoup de chemin a été parcouru. Et il aura été parsemé d’embûches. Mais les obstacles ont su être surmontés. L’hôpital traditionnel de Keur Massar, structure de médecine africaine, n’était au départ, en 1980, qu’un modeste centre de soins anti-lépreux ouvert dans une maison vétuste, au cœur de la brousse.

Trois facteurs ont présidé à la création de ce centre : les résultats de longues recherches scientifiques (1969-1979) menées au Centre de recherches biologiques sur la lèpre avec l’obtention de la culture de la mycrobactérie lépreuse et la mise en évidence du pouvoir antibiotique de diverses plantes du Sénégal utilisées dans le traitement de cette maladie. Il s’y ajoute l’état des lépreux recevant, depuis des années, la chimiothérapie, qui montrait la nécessité d’une autre approche thérapeutique et la rencontre décisive avec des spécialistes de la maladie.

« Cette initiative trop en avance sur les mentalités de l’époque allait susciter beaucoup d’opposition », selon la directrice Yvette Parès qui ajoute que, malgré tous ces obstacles, le centre poursuivit son chemin et son développement avec le soutien de diverses œuvres caritatives. Quatre thérapeutes de très haut niveau viendront élargir l’équipe médicale. C’est ainsi que, de 1980 à 1984, le centre ne se limitera qu’au traitement de la lèpre. Plus de deux cents patients adultes et adolescents seront traités. Mais, de 1983 à 1987, les soins ont été étendus aux villages de lépreux, avec la création d' »annexes » confiées à des responsables formés au centre. En 1984, à la demande des populations environnantes, les consultations externes en médecine générale ont été ouvertes. L’année suivante, le centre de soins prend le nom d’hôpital traditionnel. En 1986, un lieu de traitement a été organisé en ville pour les lépreux des rues de Dakar à leur sollicitation. Mais c’est en 1987 que sont venus les premiers patients confrontés à l’infection au Vih/sida. Les recherches thérapeutiques dans ce domaine pouvaient alors démarrer. En 1999, l’hôpital participe au premier congrès international des médecines traditionnelles et infection au Vih/sida. Mme Parès dirige un atelier intitulé « L’implication des tradipraticiens dans la recherche thérapeutique pour l’affection Vih/sida ». Puis, c’est la participation à la Fiara. En 2000, les agents de cet hôpital seront accueillis avec succès par la technofoire de Kolda.

L’an 2000 a marqué les vingt ans de l’hôpital, mais entre-temps, le monde a beaucoup changé, notamment avec l’émergence de nouvelles maladies. C’est pourquoi ses agents tentent de poursuivre leur œuvre afin de répondre aux besoins anciens et nouveaux. Si cette structure intervient, sur le plan médical, dans la lutte antilépreuse (au niveau des villages de reclassement de Mballing, Sowane et Koutal et chez 200 malades des rues), dans la médecine générale et dans la médecine préventive (pour la lèpre, la tuberculose et le paludisme), ses opérations sont diversifiées sur le plan pharmaceutique. A côté des actions de reboisement.

Dans le domaine social, on compte les hospitalisations gratuites pour les malades indigents, l’accueil annuel de 100 à 120 enfants venus des villages de lépreux pour divers traitements curatifs et préventifs, la scolarisation des enfants dans une école de cinq classes reconnue par l’Etat et qui produit de bons résultats aux examens, la distribution régulière de couvertures, de vêtements au niveau de l’hôpital, des villages de reclassement…

Malgré les crocs-en-jambe de la médecine moderne, « ce renouveau a mis en évidence les grandes potentialités du Sénégal dans le domaine sanitaire et spécialement pour la lutte contre les redoutables fléaux de notre temps. Le rejet des connaissances du passé sur tous les continents a été une grave erreur. Le moment est venu de la réparer », selon Mme Parès. Et de conclure : « L’hôpital traditionnel de Keur Massar, engagé sur ce chemin, souhaite que se réalise, un jour, la rencontre de toutes les médecines du monde, avec leur pleine vitalité. »

Par : D. S. DIA

Portrait de Madame Yvette Parès : De la science occidentale à la médecine traditionnelle – 22/06/2003

Après avoir fait une bonne partie de sa carrière dans les sciences et la médecine moderne, elle se rend compte que cette dernière n’est pas complète. C’est ainsi qu’elle se tourne vers les tradipraticiens qui lui ont donné satisfaction. Itinéraire d’une universitaire devenue une référence dans la médecine traditionnelle.

La vie du professeur Yvette Parès est marquée par deux sources de savoir habituellement opposées : science et tradition. C’est de la rencontre des deux qu’est né l’hôpital de Keur Massar, « où le patrimoine thérapeutique de l’Afrique s’est révélé dans toute son immense richesse », selon la présentation faite par la Fondation Denis Guichard.

Formée en biologie et physiologie végétale, Mme Parès étudie ensuite la microbiologie du sol. Docteur en sciences naturelles, elle enseigne et poursuit ses recherches à l’université de Dakar. C’est alors qu’elle découvre la clé de la lutte contre la lèpre. Auparavant, devenue docteur en 1968, elle s’illustre en 1972, dans une découverte scientifique mettant fin à un siècle d’essais infructueux : elle réussit, pour la première fois, la culture du bacille de la lèpre. Alors, par la méthode des antibiogrammes, elle observe l’efficacité des plantes anti-lépreuses utilisées dans la pharmacopée traditionnelle face à la chimiothérapie qui n’offre pas de résultats probants auprès des malades.

Encouragée par ces résultats, elle va chercher du renfort auprès d’un autre savoir : la médecine traditionnelle. En 1987, les premiers malades du sida font leur apparition. « Dans ce domaine également, la médecine traditionnelle peut se montrer efficace et ouvrir grand les portes de l’espoir », indique la note de la fondation. « La tâche essentielle en ce début de troisième millénaire ne serait-elle pas d’œuvrer pour le rapprochement et la rencontre des médecines des cinq continents avec l’espoir de faire reculer les fléaux déjà présents et ceux qui montent à l’horizon ? », se demande Mme Parès au bout d’un séjour de trente-deux ans au Sénégal, avant d’ajouter, après avoir fait une comparaison des médecines traditionnelle et moderne (comparaison profitant à la première) : « Notre souhait le plus profond est que ce témoignage porté sur la médecine africaine suscite de nouvelles conceptions et réalisations pour la santé du monde, en mobilisant les savoirs, les intelligences et les cœurs dans un vaste mouvement planétaire. Ne serait-ce pas la meilleure des mondialisations ? »

Par : D. S. DIA


Yvette Parès BIOGRAPHIE

Formée en biologie et physiologie végétale, Yvette PARES a ensuite étudié la microbiologie du sol. Docteur en Sciences naturelles, elle va enseigner et poursuivre ses recherches au sein de l’Université de Dakar. C’est à ce moment qu’elle découvrira la « clé » de la lutte sans merci qu’elle va livrer contre la Lèpre.

Devenue docteur en Médecine en 1968, elle va s’illustrer à travers une découverte scientifique exceptionnelle. Mettant un terme à un siècle de recherches infructueuses, elle va réussir à cultiver le bacille de la Lèpre.

Grâce à la méthode des antibiogrammes, Yvette PARES va constater l’efficacité des plantes utilisées contre la Lèpre dans la pharmacopée traditionnelle face à la chimiothérapie qui ne semble pas donner de résultats probants.

S’appuyant sur ces résultats, elle va décider de franchir le pas et de demander le renfort d’un autre Savoir. C’est Dadi DIALLO, thérapeute peul renommé âgé de 88 ans, qui l’acceptera comme disciple. Il lui enseignera les traitements de la Lèpre et lui fera découvrir toutes les dimensions et la richesse de la médecine traditionnelle Africaine.

Yvette PARES va alors fonder dans la brousse, aux environs de Dakar, un modeste centre de soins de médecine traditionnelle, futur Hôpital Traditionnel de Keur Massar, afin d’y accueillir les malades de la Lèpre. Plus tard, quatre thérapeutes de haut niveau vont renforcer l’équipe mise en place pour faire face à l’affluence de malades atteints de maladies les plus diverses.

« La tâche essentielle en ce début du troisième millénaire ne serait-elle pas d’ouvrer pour le rapprochement et la rencontre des médecines des cinq continents avec l’espoir de faire reculer les fléaux déjà présents et ceux qui montent à l’horizon ? Notre souhait le plus profond est que ce témoignage porté sur la médecine Africaine suscite de nouvelles conceptions et réalisations pour la santé du monde en mobilisant les savoirs, les intelligences et les cours dans un vaste mouvement planétaire. Ne serait-ce pas la meilleures des mondialisations ? »
Extrait d’une interview du professeur Yvette PARES

INTERVIEW DU PROFESSEUR YVETTE PARES

Par Lucie Hubert le lundi 17 mai 2004 à Paris

QUESTION : Professeur Yvette Pares, vous avez reçu l’année dernière le Prix de la Fondation Denis Guichard pour honorer un parcours hors du commun. Pourriez-vous m’en tracer les grandes lignes.

Pr. Yvette Parès : C’est en quelque sorte, par vocation que je suis allée en Afrique. À l’université, je faisais partie d’un groupement d’amitié internationale, avec des étudiants africains, marocains, indiens, antillais, espagnols et ces étudiants m’avaient invitée à venir travailler chez eux. Mais à l’époque, je ne pensais pas encore à quitter la France. L’Afrique m’attirait, il est vrai mais je ne voulais pas partir sans métier véritable. J’ai attendu qu’un poste se libère à l’université de Dakar pour m’installer au Sénégal en 1960. J’étais biologiste, je faisais des recherches en biologie végétale mais ce que je préférais à tout était la bactériologie et j’ai fini par y arriver. 

Quand je suis arrivée à Dakar, le bureau de recherche du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) cherchait une bactériologiste pour mener des travaux sur l’extraction de l’or des latérites trop pauvres pour êtres traités chimiquement et j’ai été engagée immédiatement. J’ai fait des recherches de microbiologie du sol et nous sommes arrivés à trouver des bactéries qui dissolvaient l’or, ce qui a suscité un intérêt dans le monde entier puisqu’on reçu des demandes venant d’Europe, de l’URSS et même de la NASA aux Etatsunis. L’or fait flamber les esprits…  

Ces recherches sur l’or m’ont passionné et m’ont appris à travailler en grand. Il a fallu faire des essais par centaines, par milliers de flacons, et j’avais une grosse équipe. Je finis par être rodée pour gérer ces multiples expériences simultanément. Mais je restais toujours attirée par la bactériologie médicale et c’est pourquoi je commençai en 1962 des études de médecine, études que j’ai terminé en 68. Durant cette époque, je continuais à superviser les recherches au BRGM et je travaillais jour et nuit. Je ne sais pas comment j’ai tenu le coup, on dit que la foi soulève les montagnes, enfin, je suis arrivée au bout. 

Un médecin militaire m’a demandé alors de faire des recherches sur la lèpre. Ma thèse de médecine portant sur les métaux cancérigènes, je refusais tout d’abord d’autant plus que l’on n’avait pas encore réussi à cultiver le bacille de la lèpre, donc aucun progrès ne pouvait être fait pour combattre cette maladie. Je n’avais aucune envie de refaire le travail de mes prédécesseurs. Mais il insistait en me disant que j’étais en Afrique et que je devais faire un travail d’intérêt africain. Je finis par l’écouter. Je décidais alors de prendre le mal à la racine et d’essayer de cultiver le bacille. Je me donnais 3 ans pour y arriver, faute de quoi j’arrêterais mes recherches. 

J’ai commencé par faire la bibliographie sur la lèpre. Durant mes études de médecine, je n’avais appris que très peu de chose, sinon rien sur cette maladie et l’on affirmait que les médicaments sur le marché pouvaient la guérir. Puis je suis passée a l’action. Il m’a fallu une chambre stérile pour faire les essais bactériologiques, les ensemencements, et il m’a fallu aussi trouver du matériel pathologique. J’avais entendu parler avec grand respect d’une religieuse de Dakar, sœur Lenaïk. Chaque fois qu’un lépreux arrivait à l’hôpital, on l’envoyait à sœur de Lenaïk. Je demande rendez-vous avec elle. C’était une religieuse d’une jeunesse, d’une beauté extraordinaire avec un sourire merveilleux, une bretonne aux yeux bleus. C’est elle qui m’a approvisionné en matériel pathologique, en biopsies et en prélèvements sanguins. J’en demandais un minimum par respect pour les malades, mais avec ce que nous avons eu nous avons pu mener nos recherches jusqu’au bout malgré certaines personnes qui ne voyaient pas d’un bon œil nos recherches. C’est ainsi qu’à un moment donné sœur Lenaïk reçu l’ordre de son patron, un médecin général, de ne plus me fournir de produits pathologiques. Mais la religieuse estimant que l’ordre donné était injuste décida de ne pas s’y soumettre et demanda aux malades s’ils acceptaient de continuer à me fournir du sang ou un bout de peau, ce qu’ils acceptèrent. Lorsque son patron partait le soir, elle faisait les prélèvements et envoyait son infirmier m’apporter le matériel. Le patron n’a jamais rien su. C’est ainsi que j’ai pu mener mon travail jusqu’au bout. S’il n’y avait pas eu cette religieuse qui a tenu tête à son patron, je n’aurais pas pu continuer mes recherches et Keur Massar n’aurait pas existé 

Et c’est ainsi que grâce aux connaissances apprises par mes travaux en microbiologie du sol, j’a fini par réussir à cultiver le bacille de la lèpre.  

J’ai pu alors faire des antibiogrammes et vérifier l’action des produits chimiques et des plantes anti-lépreuses.  

Mais il y a eu bientôt une levée de boucliers. Le milieu scientifique est très dur, vous savez, et il a beaucoup de jalousie entre les chercheurs. Un chercheur américain essayait, lui aussi, de cultiver le bacille de la lèpre et il ne voulait pas que j’arrive avant lui. Je subissais une forte pression de la part de quelques laboratoires et centres de recherche. Certains chercheurs m’ont demandé à plusieurs reprises de céder mes souches pour pouvoir vérifier si le bacille que j’avais cultivé était bien celui de la lèpre. Je refusais, leur alléguant que, n’ayant aucune souche de référence, ils seraient incapables de vérifier quoique ce soit. Je leur suggérais que le seul moyen de s’assurer que le bacille était bien celui de la lèpre était de soumettre mes milieux de culture et mes méthodes à l’expertise de chercheurs de l’Inde, du Japon, de pays où la maladie existe. Je sentais de leur part beaucoup de mauvaise foi, de mauvaise volonté et l’OMS n’a pas voulu reprendre le travail. Mais quand on retire plus de 80 fois la même mycobactérie nouvelle, avec des caractères biochimiques tellement différents des autres, que voulez-vous que ce soit ?  

Question : A t’on finalement reconnu que vous aviez découvert le bacille de la lèpre ? 

Pr. Y. Parès : L’affaire a été étouffée. À l’époque je croyais aux vaccins et j’espérais trouver le vaccin pour la lèpre. En réalité, c’était stupide car les enfants de femmes lépreuses sont déjà infectés dans le sein de leur mère, et par la suite, lorsqu’ils sont allaités. Dans cet environnement bourré de microbes, ils sont tous contaminés même s’ils ne développent pas – tout de suite – la maladie. Mais le vaccin m’apparaissait au début comme une voie de sauvetage et je m’attelais à le trouver. Il me fallait tout d’abord breveter mes souches et mon avocate me suggéra deux endroits, l’Institut Pasteur de Paris et un Institut à Delft, aux PaysBas. L’Institut Pasteur, voulant prendre mes souches sans numéro ni date de dépôt, je finis par aller à Delft où je les ai déposées. Aujourd’hui, après 10 ans, la découverte est tombée dans le domaine public et puis, maintenant qu’il y a le Sida plus personne ne s’intéresse à la lèpre. Mais le milieu scientifique est terrible. Laissez- moi vous raconter une histoire : A l’époque, j’avais un élève pharmacien de l’île de la Réunion que la fac de médecine m’avait envoyé pour faire une thèse chez moi. Je lui demandais de cultiver le bacille sur différents hydrocarbures. Je le cultivais moi-même sur l’huile de la paraffine, mais je désirais connaître le support le plus approprié. Cet élève était parvenu à faire pousser le germe avec du C14 et du C17. Soudoyé par un chercheur canadien de passage à Dakar pour un congrès médical, il lui  révéla tous nos résultats et toutes nos méthodes de recherche. Peu de temps après ce chercheur canadien publiait dans une revue médicale de l’Ordre de Malte un article affirmant qu’il avait réussi à cultiver le bacille de la lèpre sur du C14 et du C17. Lorsque mes collaborateurs découvrirent l’article, ils m’en firent part. Voyant que ce chercheur nous avait volé notre travail, j’ai alerté l’OMS, le président de la République du Sénégal et l’Ambassade de France. On a reconnu que c’était une imposture. Vous voyez jusqu’où ça a été. Il y avait le prix Nobel en jeu. J’avais été proposée, mais les Américains le désiraient. Il m’a fallu trois ans pour découvrir le bacille de la lèpre. Les recherches que je fis par la suite sur les souches de ce bacille pour essayer de trouver les médicaments efficaces dans la lutte contre cette maladie me permirent de constater que certaines plantes anti-lépreuses utilisées par les thérapeutes africains étaient réellement efficaces. Cela était d’une grande importance et m’a ouvert les yeux.

Question : Vous avez donc commencé à vous intéresser aux méthodes employées par les thérapeutes africains?

Pr. Y. Parès : Exactement, cela été le premier pas. Mais je n’osais pas encore me tourner vers eux. En tant qu’occidentale, je les associais à des sorciers, j’avais peur de tuer des gens en employant leurs remèdes. D’un autre côté, je voyais bien que, malgré l’emploi des médicaments chimiques occidentaux, les patients ne guérissaient pas et se retrouvaient dans un état de faiblesse terrible. C’étaient des loques humaines, et partout on les rejetait à cause de leur aspect repoussant. Cela me tourmentait et je me confiais à l’un de mes collaborateurs, le chef jardinier. J’étais alors à la tête du laboratoire et mes recherches intéressaient tous ceux qui m’entouraient, ils venaient souvent me rendre visite dans le labo, pour voir où nous en étions. Cet homme, Yoro Ba, était très intelligent, et il avait un cœur d’or. Toujours le chapelet à la main, c’était un vrai mystique. Je lui demandais s’il connaissait un thérapeute africain qui accepterait de m’enseigner. Je réalisais que je faisais preuve d’une grande insolence en lui demandant cela. Les thérapeutes africains transmettent leur savoir à leur fils ou à leurs disciples, tous africains. Moi, une Européenne, de surcroît médecin, cela paraissait impossible. Vous savez, c’est dur de rentrer dans la médecine africaine. N’entre pas qui veut. Pas un Africain ayant fait des études de médecine occidentale n’a été accepté. D’ailleurs ils n’ont plus l’esprit pour rentrer dans cette médecine. Dieu m’a donné une certaine tournure d’esprit qui m’a permis d’être acceptée par l’un d’eux.

Question : Quelle tournure d’esprit vous a permis d’avoir accès à cette médecine africaine ?

Pr. Y. Parès : Je me sens très liée avec la nature, je sens l’âme des choses, c’est beaucoup dire bien sûr, mais je ne considère pas les plantes comme de la matière première, ce sont pour moi des amies, quelque chose de vivant, que Dieu a créé et dont je me sens proche. Alors vous me direz les médecins africains formés aux universités occidentales pourraient aussi avoir cette tournure d’esprit de par leur origine. Mais ils sont devenus cartésiens, ils veulent imiter les Occidentaux, ils se sentent supérieurs aux thérapeutes qui ne savent pas lire ni écrire. Ils ont été arrachés à leurs racines, ils renient leur race -je suis sévère mais c’est la vérité -. Et puis il faut savoir que ce n’est pas parce qu’on est médecin qu’on peut être thérapeute. Pour être thérapeute, il faut connaître et aimer les plantes, posséder un grand sens des responsabilités et il faut faire preuve d’une initiative thérapeutique permanente. Car les thérapeutes préparent eux-mêmes leurs médicaments, ils les font suivant des recettes codifiées depuis longtemps, il est vrai, mais ils doivent adapter les traitements aux patients. Pour manier les plantes, les assembler, savoir les préparer, il faut un sixième sens. Si on ne l’a pas, on ne peut pas devenir un bon thérapeute. C’est comme si l’on voulait faire de la musique sans avoir l’oreille musicale, on ne ferait pas de progrès. Donc, en médecine traditionnelle africaine comme dans n’importe quelle autre discipline, tout le monde n’est pas au sommet. Il y a la base où l’on trouve des gens honnêtes qui savent un certain nombre de choses et rendent de grands services mais plus vous montez la pyramide, plus les thérapeutes sont savants. Si vous voulez atteindre le sommet- et moi, j’ai travaillé avec ceux qui étaient au sommet-il faut des années, parfois plus de 15 ans d’apprentissage. 

Je n’ai pas pu tout apprendre car je n’étais pas toujours disponible, et puis j’ai commencé tard, à plus de cinquante ans. De plus je continuais de travailler à l’université. Mais, en toute modestie, je crois avoir atteint un niveau très honorable. À tel point que les thérapeutes me considèrent comme l’une des leurs. Je n’ai pas la prétention d’avoir la science de Dadi Diallo, d’Abdoulaye Faty, d’Hamadi Sylla, de Ameth Diaw ou de Magueye Ngom, mes cinq collaborateurs, mais quand il s’agit de faire de la recherche thérapeutique pour les maladies graves, je peux me joindre à eux et apporter ma part. Donc j’ai beaucoup appris d’eux.

Question : Comment avez-vous rencontre Dadi Diallo, le thérapeute africain qui vous a transmis son savoir ?

Pr.Y. Parès: Lorsque j’ai dit a Yoro Ba, mon chef jardinier, que j’aimerais rencontrer un thérapeute africain, il se taisait. Vous savez les Peuls sont très secrets. La parole a une grande importance et l’on ne parle pas pour ne rien dire. Ils peuvent êtres très aimables mais ne rien dévoiler de ce qu’ils pensent. Peu de temps après, j’appris qu’il était en train d’enquêter auprès de thérapeutes qu’il connaissait. Au bout de quelques mois de recherches souterraines, il me dit qu’il avait rencontré un thérapeute de son ethnie, de sa famille, qui acceptait de me rencontrer. C’était un homme très âgé (88 ans) et je proposais d’aller le voir dans son village, mais lui fit savoir qu’il voulait me rencontrer à l’université. Yoro Ba est allé le chercher. Je ne savais pas à l’époque que tout était secret entre les thérapeutes et pour lui faire honneur, j’avais fait venir dans mon laboratoire les assistants Peuls du service et ils étaient tous là, assis autour de moi, pas très à leur aise à attendre le vieux maître. Celui-ci entra dans la pièce, il était tout petit, tassé par l’âge, un maintien droit et il avait des yeux qui vous transperçaient, des sourcils broussailleux et un visage d’une grande sévérité. On sentait une autorité, une force qui nous paralysaient. J’étais moi-même bouleversée. On lui avait réservé le meilleur fauteuil. Nous fîmes les salutations d’usage, Yoro Ba lui expliqua ce que je désirais et lui, répondait de temps à autre : « J’ai entendu ». Pas un mot de plus. Et puis quand il a eu assez entendu, il s’est levé et il a dit en Poular : “Je prends congé” et il est sorti. Les assistants, tout penauds, se sont dispersés dans leur labo et moi je me suis assise a mon bureau, interloquée et persuadée que je ne lui avais pas fait bonne impression. Yoro Ba m’a raconté par la suite qu’il avait descendu les étages en sa compagnie et qu’au moment de le quitter, le maître lui avait dit: “J’apprendrais à Madame à soigner la lèpre”. 

C’etait en mars 1979. Dadi Diallo, car c’était son nom, rentra dans son petit village. Les semaines passèrent sans aucune nouvelle. Je proposai à Yoro Ba de se rendre chez lui. Yoro Ba prit des cadeaux traditionnels, des noix de cola, du thé, du sucre et il partit dans un village très loin dans la brousse. Il rencontra le thérapeute, mais ce qui s’est dit entre eux, je ne l’ai jamais su. En revenant à Dakar, mon chef jardinier me dit ne ne pas me faire de souci, le maître ne revenait pas sur sa parole. Les semaines passèrent, toujours sans aucune nouvelle, et je renvoyais Yoro Ba dans la brousse qui revint comme la première fois en me disant de garder patience. Un jour je reçus un inconnu du village qui m’amena un petit paquet contenant une écorce, une racine et un papier mal écrit – certainement par un gamin, le maître n’écrivant pas lui même- où je pus lire :‘pour soigner la lèpre’. Je pensais que le vieillard se moquait de nous. Mais 15 jours après, je recevais une autre lettre disant : « Je ne peux pas vous apprendre la médecine de loin, je viens à Dakar ». 

Il est donc venu vers nous et, cette fois ci, il était beaucoup plus détendu et moins sévère que la première fois. 

Je lui ai loué une maison dans un village tranquille près de la ville. Quelques jours plus tard je le vis arriver au laboratoire, tout seul. Il s’assit et tira de sa poche une bouteille et un verre qu’il remplit d’un liquide qu’il se mit à boire. Puis il remplit à nouveau le verre et me le tendit. C’était un fortifiant qu’il m’avait préparé lui-même car il avait vu l’état dans lequel j’étais. J’étais en effet très fatiguée avec tout le travail que j’avais à l’université et les attaques dont j’étais la cible. J’appris par la suite que pour donner confiance à son malade, le thérapeute commence par boire le médicament qu’il a préparé. Puis il m’a fait porter des racines à faire cuire avec du poulet. En quelques jours j’étais rétablie et l’on a pu alors commencer à aller en brousse.

Question : Comment les thérapeutes africains enseignent-ils leur art ? Comment se fait la transmission du savoir ?

Pr.Y. Parès : L’enseignement se donne toujours sur le terrain, dans la brousse, devant les plantes. Jamais un thérapeute ne prendra une plante isolée, chez lui par exemple, en vous donnant des explications. Non, il vous la montre dans la nature. Une fois qu’on sait la récolter, il vous en donne les premières indications, mais il ne dit pas encore comment on la prépare. En tant qu’élève on écoute et on se tait. On ne prend que ce qu’il dit, sans poser de questions. Quand il juge que vous êtes mûr, il en dit un peu plus. Bien sûr je prenais des notes, et lui se moquait de moi, du besoin que j’avais d’écrire, car son savoir était parlé et il avait lui-même une mémoire prodigieuse.   

Les maîtres sont durs, très exigeants. Dadi Diallo m’a emmené dans les endroits les plus chauds, les plus lointains, nous avons travaillé pendant des heures, sans manger et sans boire, sous un soleil terrible. Et puis la brousse est fatigante, elle me saoulait au début. Ce n’est pas comme nos campagnes, nos forêts françaises qui sont apaisantes. Après la récolte, il fallait encore étaler les plantes pour les faire sécher. Ce qui a facilité les choses, c’était que Dadi était très âgé, et même si j’avais déjà plus de 50 ans, il aurait pu être mon père et cela a facilité nos rapports. Car si sa sévérité était grande, il finit par me considérer comme sa fille. Et moi, je le considérais comme un père et j’avais un grand respect pour lui. 

Quant il s’agit d’hommes jeunes, destinés à devenir thérapeutes, les maîtres les envoient en pleine nuit dans la brousse pour aller récolter les plantes. C’est dangereux car il y a des serpents, et puis les Africains pensent qu’il y a des esprits dans les arbres. Il leur faut donc vaincre la peur, la faim et la fatigue. Les maîtres les engueulent pour qu’ils apprennent à se maîtriser, à ne pas se mettre en colère eux-mêmes. C’est un enseignement très strict. On demande à un thérapeute une très grande maîtrise de soi-même et un grand sens des responsabilités. 

Et puis on lui apprend que faire des médicaments, c’est un acte sacré. On ne peut préparer un remède que si on a l’âme en paix. Si vous êtes en colère ou agité, il faut attendre d’être calme. Il faut savoir manipuler les plantes et les médicaments avec respect et connaître parfaitement les proportions. C’est comme une religion.  

Un thérapeute africain ne dit pas : « Je guéris ». Il dit : « Je soigne mais c’est Dieu qui guérit. » Son rôle est d’orienter les forces de guérison.  

Les grands thérapeutes sont conscients de leur force, mais ils connaissent leur place : « Nous marchons avec Dieu devant nous et c’est pourquoi nous sommes en paix ». 

Et ils ajoutent : « Nous savons ce que nous pouvons faire et ce que nous ne pouvons pas faire. Nous n’attaquons personne et si les docteurs occidentaux sont fâchés c’est qu’ils n’ont pas le cœur en paix ».

Question : Comment est né l’hôpital de Keur Massar?

Pr.Y. Parès : Nous sommes allés ramasser des plantes dans la brousse. J’ai acheté des marmites en émail et Dadi Diallo est venu nous donner les proportions en eau et en plantes. Nous avons couvert les marmites et nous avons attendu 8 jours comme il nous le demandait. Au bout de 8 jours, j’ai soulevé un des couvercles et j’ai poussé un cri d’effroi. C’était un mélange de fruits et d’eau et il était couvert d’une épaisse couche de moisissure. J’ai crié: « Mais nous allons empoisonner les malades ! »  Il faut savoir que dans mon labo, tout était stérilisé. Après, j’ai réfléchi bien sûr et je me suis dit que la pénicilline était aussi une moisissure. 

Quand le medicament a été mis en bouteille, Dadi m’a envoyée chercher des malades. Je lui ai demandé où je devais les trouver et surtout les loger ? Il m’a fait un geste m’indiquant que ce n’était pas son problème.  

J’ai pensé louer une maison. Le président Senghor m’avait donné un peu d’argent pour mes recherches sur la lèpre et j’avais un petit reliquat. Donc avec Yoro Ba, nous avons une maison et nous avons reçu les premiers malades. Dadi a commencé le traitement. Mais les villageois n’ont pas accepté les lépreux chez eux. Ils ont fini par les chasser avec des pierres, et un jour, nous avons dû évacuer la maison en vitesse. Une autre maison a connu le même sort. Nous avons fini par trouver une cabane délabrée en pleine brousse. Et c’est là que nous nous sommes installés. Voilà comment a commencé Keur Massar, en juillet 1980. Nos débuts ont été très difficiles, bien sûr. Il a fallu retaper la maison et puis nos malades étaient insupportables. Les lépreux, c’est dur. Ils n’avaient confiance en personne. C’était la première fois qu’ils voyaient des gens capables de les aimer et ils n’arrivaient pas à y croire. Et puis on avait très peu d’argent. Le ministère de la santé ne nous aidait pas. Il a fallu tenir le coup et l’on a tenu. 

Les malades arrivaient toujours plus nombreux et j’ai dû trouver de l’argent. Un ami reporterphotographe nous a conseillé d’aller solliciter ‘Caritas Sénégal’. À la tête de cette organisation il y avait un frère qui venait de recevoir une demande d’Allemagne proposant de subventionner un projet de lèpre au Sénégal. Nous avons fait un rapport et un jour, une dame allemande nous téléphone pour nous dire que notre projet est pris en considération. J’ai cru qu’elle l’avait classé et que jamais nous ne tiendrions le coup jusqu’à ce que l’argent arrive. Mais 8 jours après nous recevions un coup de fil de Caritas Sénégal nous annonçant que notre projet etait accepté. Cela a été le vrai début de Keur Massar. 

Nous avons acheté des matelas mousse, des draps de pagne et des couvertures bon marché. Les malades couchaient par terre dans des locaux minables. Nous les avons nourris. Certains nous volaient, du riz par exemple qu’ils revendaient dans leur village…..

Question : Comment se fait le traitement de la lèpre ?

Le premier jour, il faut purger le malade. La purgation doit être très forte pour éliminer un maximum de toxines. C’est le maître qui fait cette purgation qu’il arrête instantanément par un verre d’eau dès qu’il la juge suffisante. Le lendemain il administre les médicaments qu’il m’a fait préparer les jours précédents. Généralement, les malades commencent à se sentir mieux,  ‘le corps léger’, comme ils le disent. Par la suite, Dadi Diallo m’a montré la confection d’un médicament qui est une véritable panacée. Il fait bouillir séparément un certain nombre de plantes, certaines 5 minutes, d’autres une heure, d’autres encore plus longtemps. Certaines sont bouillies seules, d’autres ensemble. Une fois qu’on a toutes les décoctions, on prépare les mélanges appropriés, pour traiter en particulier les tuberculoïdes, les lépromateux, etc….. 

Cela demande une maîtrise du savoir et une maîtrise de soi même. Dadi Diallo me disait que plus une maladie était grave, moins il fallait se précipiter, et plus il fallait traiter en profondeur. 

Les lépreux sont des malades très difficiles. De caractère instable, ils viennent se faire soigner mais dès que leur état s’améliore ou que la folie les prend – car ils souffrent de troubles psychiques -, ils partent souvent. Il a fallu que nous établissions avec nos malades une véritable relation de confiance pour qu’ils restent chez nous. Au début ils venaient puis repartaient et on les laissait partir. Puis comme ils ont vu qu’on était sérieux, qu’on les aimait, ils sont restés jusqu’à guérir. Et pour certains il a fallu 5 ou 6 ans. Nous les avons gardés à l’hôpital le temps nécessaire pour faire toutes les étapes du traitement. 

Le traitement de la lèpre, c’est tout un art ! Il ne suffit pas de tuer les microbes. Le malade arrive avec tout un éventail de maux, ulcérations, paralysies, troubles de la sensibilité, troubles oculaires, etc… Il faut aussi faire de la prévention des mutilations, améliorer les lésions osseuses. On met en jeu non seulement des plantes antibiotiques, mais des plantes qui soignent ces différents types de lésion.  

Il y a donc un traitement initial, un traitement au long cours qui se fait en plusieurs étapes, un traitement final et enfin un traitement anti-rechute. 

Un enfant lépreux peut être guéri rapidement, mais un malade qui a avalé des sulfones pendant 10 ou 15 ans est dans un état de délabrement épouvantable, et avant de le remettre sur pied et de lui donner un visage humain, il faut du temps.  Aujourd’hui à Keur Massar, nous soignons plus de 250 personnes.

Question : Comment se fait-il que les thérapeutes africains n’aient pas été à même de soigner les lépreux, comme vous l’avez fait ? Ou qu’on n’en ai jamais entendu parler ?

Pr. Y. Parès : Mais ils l’ont fait et ils continuent à le faire, dans la brousse, loin de tout. D’autre part, pour accueillir des malades à plus grande échelle comme nous le faisons, il faut de l’argent. Non seulement pour soigner mais aussi pour loger et nourrir tout ce monde et scolariser les enfants de lépreux, souvent atteints, eux aussi par la maladie ou très chétifs.

Question : Comment l’Africain moyen considère-t’il l’a médecine traditionnelle ?

Pr. Y. Parès : Il y a encore 85 % des gens qui vont voir des thérapeutes traditionnels, mais on a tendance à l’occulter. On leur a tellement bourré le crâne que ca fait plus chic d’aller à la médecine ‘moderne’ comme ils l’appellent. Mais ils commencent aujourd’hui à s’apercevoir que cette médecine moderne  ça ne guérit pas bien et ça vous donne des maux en plus. Mais voilà, avoir recours à la médecine moderne, c’est faire comme les Blancs donc cela signifie une promotion. C’est ce sentiment d’infériorité qu’ont les Africains qu’il faut leur arracher !

Question : Il semble qu’il y ait une antinomie entre médecine moderne et médecine traditionnelle. En fait, vous faites un pont entre ces deux univers puisque vous êtes biologiste et médecin formée aux écoles occidentales et vous avez été initiée à la médecine traditionnelle africaine. Ces deux médecines peuvent elles communiquer, échanger leurs connaissances. Est ce que l’échange est possible ?

Pr. Y. Parès : Je répondrais comme disent les thérapeutes africains : « Que chacun fasse ce qu’il sait faire et respecte l’autre. » 

Il est très facile si on a le cœur honnête, de travailler ensemble. Un médecin qui ne peut pas guérir une hépatite ou une tuberculose résistante par ex. peut l’envoyer au thérapeute qui saura le faire. Un thérapeute lui, ne peut pas faire de la chirurgie. Il ne peut soigner un accident de la route ou une fracture très complexe et il enverra un tel cas à l’hôpital. Mais il faut bien réaliser que la médecine africaine est une médecine à part entière. Ce n’est pas du bricolage comme les gens croient. C’est une médecine très efficace. On pense que les thérapeutes devraient être sous la coupe des médecins occidentaux. C’est faux. Toutefois, je ne crois pas que l’on doive aller à la rencontre des médecines traditionnelles pour les promouvoir. Les thérapeutes en sont capables eux-mêmes, ils commencent à oser s’affirmer. La première chose à faire est d’apprendre à se connaître et s’estimer, à s’accepter en respectant le savoir des uns et des autres. Dans chaque pays, il y a des hommes et des femmes de grande intelligence. Certains, quelque soit leur race, ont le don pour l’art médical et ils ont créé une médecine adaptée à leur environnement, à leur croyance, à leur culture, à leur spiritualité. Chaque pays crée sa propre médecine et ces médecines ont toutes leur efficacité et leurs lacunes évidemment. Mais toutes ces médecines sont belles et doivent être respectées. Une fois admis cela, chacun apporte ce qu’il sait faire et il peut y avoir un échange.  

Aujourd’hui, nos médecins occidentaux devraient reconsidérer notre ancienne médecine du XIIe siècle, voir les richesses qu’elle possédait, au lieu d’envoyer des ethnologues et des anthropologues embêter les thérapeutes traditionnels car c’est souvent de l’indiscrétion que d’aller courir après des gens comme cela. Nous devrions plutôt rechercher ce qui faisait la richesse de notre ancienne médecine.  

Avec une poignée de thérapeutes français, nous avons le projet de former un groupe de travail dont le but serait de considérer les plantes d’Europe sous une optique semblable à celle des thérapeutes africains. Car je suis persuadée qu’on peut, à l’instar des plantes africaines, soigner les maladies graves avec nos plantes européennes.  

On associe souvent la médecine africaine à de la sorcellerie avec des gris-gris, des danses extravagantes et des transes. Ces méthodes de guérison existent, il est vrai, pour soigner les maladies mentales des Africains et elles sont efficaces sur eux, mais elles ne le seraient pas sur nous car notre système de croyance est différent. Mais ce que l’on sait moins, c’est que la médecine africaine possède un trésor thérapeutique immense et méconnu. Car tous les Européens qui ont écrit un livre sur cette médecine n’ont fait qu’effleurer le sujet et l’on reste souvent sur une idée de folklore.  

Les thérapeutes africains ne sont pas des sorciers !  

Bien sûr qu’il existe aussi des sorciers en Afrique, qui font le mal, mais ils n’ont rien à voir avec les  véritables médecins dont je parle.

Question : Vous venez de terminer un livre sur votre expérience en Afrique,  à l’hôpital de Keur Massar et sur l’enseignement transmis par Dadi Diallo. Mais la médecine traditionnelle africaine n’est elle pas secrète ?

Pr. Y. Parès : Le savoir, il faut des années pour l’apprendre. Donc ce n’est pas parce qu’on possède quelques recettes de complexes de plantes qu’on devient un bon médecin. En Europe, pour devenir médecin, on passe une thèse et on prête serment, le serment d’Hippocrate. On rentre dans un groupe. En Afrique, on a une chose semblable : lorsque le disciple a terminé sa formation, le maître organise une grande cérémonie au cours de laquelle il lui donne sa bénédiction, il lui passe un collier autour du cou et lui dit : « Maintenant tu peux rentrer chez toi ». ce qui veut dire : Tu es prêt, maintenant commence ta fonction de thérapeute. On sait donc qu’il a été investi. Mais si vous donnez votre savoir sur la place publique, vous avez tous les petits rusés qui cueillent quelques herbes et s’affirment guérisseurs. C’est pourquoi le secret est exigé pour que le vrai savoir ne soit pas perdu, ni profané.

Question : N’y a t’il qu’un savoir, ou aussi toute une vision de la personne ? 

Pr. Y. Parès : En Afrique, la vision de la personne est très différente de celle de notre monde occidental. Les Africains sont des gens très croyants et très portés sur le monde invisible. Les ancêtres sont très présents. On a dit qu’ils etaient païens ! Mais regardez leur religion : ils avaient la plupart du temps un Dieu unique et des divinités annexes qui correspondent à nos anges. Ou bien ils avaient des djinns, comme nous avons nos démons ou nos mauvais esprits. Dieu a donné à tous les hommes une notion de la divinité. Les Africains disent la même chose que nous avec des mots différents. Nous sommes surpris des croyances africaines, mais ils sont aussi surpris par nos croyances. On se moque des plumes des Indiens d’Amérique du Nord ou des colliers de cauris africain. Mais si nous regardions comment sont habillés nos évêques, nos magistrats ou nos militaires ou nos professeurs d’Oxford ! 

Et les thérapeutes africains tiennent compte de cette vision lorsqu’ils soignent leurs malades.

Question : Vous avez dit que vous désiriez commencer un groupe de travail avec des thérapeutes français. Pour quelle raison ?

Pr. Y. Parès : Pour combler une lacune. En Europe, voyez vous, nous n’avons plus de maître qui aille dans la nature, récolter les plantes, les sécher, préparer des médicaments, recevoir les malades et donner les remèdes appropriés, personnalisés. De maître qui ait gardé ce contact avec la nature, les énergies de la forêt, avec le cosmos. 

Etre phytothérapeute, c’est incomplet. Puisqu’il n’y a plus de maître et que j’ai eu de la chance d’avoir des maîtres remarquables, ce qu’ils m’ont enseigné, je voudrais le transposer sur les plantes d’Europe et montrer comment on peut procéder. 

Il faut aller dans la nature, retrouver le calme, la paix, l’amour des plantes, les manipuler avec respect, apprendre à faire soi même des médicaments simples, les médicaments de base et puis ceux qu’on prépare directement pour chaque malade. C’est toute une philosophie, une autre façon de vivre la médecine que je désire transmettre .  

Vous voyez, je ne crois pas qu’on puisse exercer la médecine traditionnelle dans les locaux utilisés par la médecine moderne. Nous ne pouvons recevoir des malades dans un cabinet médical luxueux et stressant ou laid. Nos bâtiments de Keur Massar sont modestes, mais nous sommes en pleine nature, il y a des oiseaux, des fleurs. On ne peut pas par exemple soigner des malades angoissés dans d’immenses hôpitaux. 

Pour être thérapeute, il faut aimer le silence, il faut chercher la paix, l’harmonie en soi, et aimer les gens ce qui n’est pas facile. Il faut aussi de la patience et du temps et une structure appropriée pour recevoir les malades. 

En fait il faudrait revoir toute la médecine. Nos hôpitaux sont de véritables usines remplies d’appareils qui font peur, où l’on ne sépare pas les maladies infectieuses des autres d’où le grand nombre de maladies nosocomiales (800 000 par an), où les maladies conséquentes à l’emploi de médicaments remplissent le tiers des lits- un tiers des maladies sont iatrogènes-. 0n se moque des Africains parce qu’ils n’auraient pas d’hygiène et prennent l’eau du puits pour se laver. Nous, on attrape la légionellose dans les douches de nos hôpitaux.  Nous devons réfléchir, devenir raisonnables et retrouver le bon sens.

Question : Soignez vous le Sida à Keur Massar?

Pr. Y. Parès : Nous soignons des cas de Sida depuis 1988. Si le gouvernement du Sénégal et les médecins sénégalais avaient fait leur travail, on aurait mis en place une organisation pour soigner les sidéens. Nous ne sommes pas les seuls au Sénégal a soigner les sidéens. Il y a plusieurs autres thérapeutes cachés dans la brousse qui ne font pas de bruit. Mais certains médecins étouffent tout, préférant laisser mourir les gens que de faire appel à ceux qui soignent vraiment.

Question : Comment expliquer vous cela ?

Pr. Y. Parès : Les équipes américaines arrivent avec beaucoup d’argent qu’ils donnent aux médecins. La Banque Mondiale  a aussi versé de grandes sommes d’argent pour la prévention et, là aussi, une partie de cet argent atterrit dans les proches de quelques-uns. De plus, les autorités ont tendance à cacher leurs sidéens pour qu’on puisse dire que le Sénégal a fait une politique de prévention très active. …

Question : Actuellement des gens se battent dans le monde pour que les trithérapies arrivent en Afrique…

Pr. Y. Parès : Franchement, la trithérapie n’a jamais guéri personne, elle ne fait que prolonger la vie lorsqu’elle ne tue pas par des accidents cardiaques.  

On ne soigne pas avec des poisons ! 

Dans notre médecine occidentale, on trouve normal, nous médecins hippocratiques, que les médicaments que l’on prescrit provoquent des effets secondaires terribles. Hippocrate a bien prescrit avant tout de ne pas nuire ! Sur un organisme faible, vous allez provoquer des désastres supplémentaires. 

Nous soignons des sidéens depuis 88.  Beaucoup retrouvent leur tonus et se sentent guéris. La plupart sont encore porteurs du virus, mais certains deviennent négativés, on en a eu la preuve à la suite d’examens obligatoires pour leur profession.  

Si on veut soigner avec des plantes les malades du Sida, il faut beaucoup de savoir, de patience et des structures spécialisées pour les accueillir et il faut que dans l’opinion, on sache que les plantes peuvent secourir les Sidéens. Si on ne leur dit pas cela, ils ne viendront pas et choisiront plutôt la trithérapie.

Question : Je sais que vous avez des difficultés pour faire passer votre message….

Massar et les résultats de nos traitements. Nous avons soigné à Keur Massar des myasthénies et des scléroses en plaque, on a amélioré un spina-bifida, on a fait régresser des paralysies. Je parle aussi de nos traitements anti-sidéens et pour les malades mentaux.

Question : Quelles est les voies porteuses d’espoir pour la reconnaissance des médecines traditionnelles ?

Pr. Y. Parès : Je pense que les rencontres comme celles de la Fondation Denis Guichard servent à former un noyau de personnes qui ont de bonnes idées et peuvent les répandre. Je pense toutefois que de rencontrer des thérapeutes d’autres cultures et d’autres langues reste difficile. Ils ne parlent pas notre langue ou ont vécu dans des villages isolés et au milieu de nous, ils perdent leurs moyens comme nous, nous perdons les nôtres au milieu d’eux. Ainsi, lorsque des Africains ou des Amérindiens viennent faire leur cérémonie au milieu de nous, avec leur musique et leurs rituels, j’ai parfois le sentiment d’un sacrilège, comme si la chose était galvaudée. Il est important que ces cérémonies aient lieu dans un cercle restreint, face à un public réceptif. Je me rappelle d’un médecin béninois qui avait invité des Amérindiens lors d’un. Congrès du Sida. Ces Amérindiens s’etaient mis a joué de la flûte. C’était très beau, mais les gens continuaient de parler sans leur prêter attention et j’avais mal au cœur pour ces peuples qui apportaient leur âme et n’étaient pas écoutés. 

L’important c’est de parler, de s’exprimer sur ce que l’on connaît bien pour supprimer les idées fausses et préconçues.

Question : Comment aimeriez-vous qu’évolue la médecine moderne actuelle ?

Pr. Y. Parès : La médecine occidentale actuelle me met mal à l’aise. J’ai fait cette médecine africaine dans la paix de la brousse, dans la prière, dans le calme, dans l’amour du prochain, dans l’écoute, dans une immense responsabilité et en même temps une immense initiative thérapeutique, donc je suis complètement sortie de ma formation universitaire. Les deux mondes sont tous à fait différents.  

Naturellement la médecine moderne sauve des gens. On ne peut le nier. 

Je crois pourtant qu’il faudrait revenir à la simplicité et au bon sens. Pour soigner une angine on n’a pas besoin de faire des examens de laboratoire, il y a des remèdes simples : le jus de citron, le vinaigre rosat, des huiles essentielles, des inhalations de thym, de laurier, de camomille. Donc simplicité et bon sens. Je me demande comment des professeurs de grands hôpitaux peuvent continuer à prescrire des molécules chimiques alors qu’ils savent qu’un tiers de leurs lits sont occupés par des maladies iatrogènes. Comment des gens très intelligents peuvent accepter que leur initiative thérapeutique soit confisquée par des chimistes qui ne cherchent qu’à gagner de l’argent. C’est frustrant pour un médecin. Vous avez des délégués qui viennent vous vanter n’importe quelle poudre de perlimpinpin qui provoque de nombreux accidents secondaires. Comment des gens intelligents se sont-ils laissé manipuler a ce point ? Évidemment exercer à l’occidentale est plus facile. Vous faites une ordonnance, votre patient se rend à la pharmacie, mais même les pharmaciens ne savent plus préparer leurs propres médicaments.  

Bien sûr, je sais que la population a augmenté dans les villes. C’est compliqué de prescrire des décoctions et autres préparations. Mais en Afrique, les malades sont plus simples. Si vous ne faites pas les décoctions vous mêmes, vous leur donnez la poudre et leur dites comment faire et ils le font. En Europe, on a l’habitude du confort, on est devenu paresseux, il nous faut une pilule qui nous guérisse en 5 minutes . La famille ne serait sans doute pas toujours prête à préparer des décoctions pour le malade. Il faut faire un effort pour se soigner avec les herbes, la santé ça se conquiert. Et puis les patients, fragiles sont infantilisés, se laissent souvent guider par des ‘gourous’ et l’on a tellement dit à la masse des gens pas très instruits que la médecine etait merveilleuse, que les progrès etaient formidables, que la thérapie génique allait tout guérir qu’ils finissent par y croire Alors qu’on ne sait même plus traiter les angines avec des moyens simples…

Question: Vous avez dit que la médecine africaine se suffirait à elle meme, mais elle doit avancer avec une recherche constante pour soigner les nouvelles maladies

Pr. Y. Parès : Bien sûr les grands thérapeutes sont en recherche constante. Mais je ne suis pas pour la fondation d’ une Université de médecine Traditionnelle Africaine, car celui qui veut apprendre la médecine africaine doit avoir le courage physique de sortir dans la brousse et de toucher les plantes, la terre… 

Vous savez, je n’ai pas eu un parcours facile, je me suis fait des ennemis aussi bien dans le milieu médical européen car les médecins européens étaient furieux que je valorise la médecine africaine, mais aussi chez les médecins africains formés aux universités occidentales et jaloux des secrets de l’Afrique qui m’avaient été confiés. 

Mais je sens aujourd’hui que j’ai une dette morale envers cette médecine traditionnelle africaine et ses thérapeutes. Je dois en être le chantre. 

En résumé, je voudrais que l’on sache que la médecine africaine est une médecine à part entière qui n’a rien à voir avec le folklore et les gris-gris avec lesquels on l’assimile souvent. Elle a montré toute son efficacité dans les maladies les plus graves ; la thérapeutique fine et élaborée a des résultats certains quant elle est menée avec sagesse et les grands maîtres sont brillants par leur intelligence.


Yvette Parès : rencontre entre la médecine occidentale et la médecine traditionnelle africaine

PAR MARYSE BERDAH-BAH

Yvette Parès (1926-2009) fut tout d’abord une scientifique de renommée internationale. Docteur en biologie et en médecine, chercheur au CNRS, elle enseigna la biologie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar de 1960 à 1992 et dirigea le Centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992. Elle fut la première au monde à cultiver le bacille de la lèpre. Puis, confrontée aux limites des thérapies occidentales pour soigner cette maladie, elle découvrit les potentialités de la médecine traditionnelle africaine, à laquelle elle fut initiée par un maître peul.

L’efficacité des plantes anti-lépreuses de la médecine 
traditionnelle africaine

Les recherches sur la lèpre menées par Yvette Parès dans les années soixante-dix la conduisirent assez rapidement à remettre en cause les thérapeutiques proposées par la médecine occidentale, qu’elle jugea décevantes (rémissions partielles, souffrances persistantes, etc.). C’est à ce moment-là qu’elle fit une rencontre décisive, le maître peul Dadi Diallo. La biologiste découvrit alors que les plantes anti-lépreuses des tradithérapeutes se révélaient d’une grande efficacité.
Dadi Diallo accepta d’initier Yvette Parès à la médecine traditionnelle africaine. « Un vrai miracle », dira plus tard la scientifique, qui jugeait « extraordinaire que des thérapeutes africains aient fait confiance à une étrangère ». Il est vrai que le risque existait que des traitements soient récupérés, « pillés » au profit de firmes pharmaceutiques occidentales…
Pendant quinze ans, humblement, Yvette Parès apprit auprès de son maître l’art de la médecine et de la pharmacopée africaines : connaissance et cueillette des plantes, préparation des remèdes… En 1980, elle ouvrait avec Dadi Diallo un premier centre de soins pour les lépreux, à la campagne, loin de tout à cette époque-là. En 1985, l’établissement prit le nom d’Hôpital Traditionnel de Keur Massar.

Dans l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, les tradipraticiens soignent tuberculoses, hépatites, paludismes, dermatoses, SIDA…

Cette structure, qui a redonné à la médecine traditionnelle africaine ses lettres de noblesse, fut la première de ce genre au Sénégal et peut-être au monde. Yvette Parès l’a dirigée jusqu’en 2003, année où le grand âge la ramena en France : elle avait alors 79 ans.

Hommage à Yvette Parès à l’Hôpital de Keur Massar
Depuis sa création, l’Hôpital a accueilli et soigné des centaines de malades. Non seulement des lépreux, mais aussi des personnes atteintes de tuberculose, de dermatoses, d’hépatites et, depuis les années 1980, du VIH-SIDA. Sans oublier la plupart des pathologies relevant de la médecine générale : diabète, asthme, sinusites, rhumatismes, paludisme, etc. Les médecines traditionnelles, toujours à base de plantes (phytothérapie) sont prescrites tant à titre préventif qu’à titre curatif. Parallèlement, les activités de recherche ont été menées pour trouver de nouveaux traitements aux nouvelles maladies qui apparaissent régulièrement. Sans oublier les activités sociales : scolarisation des enfants de lépreux, par exemple.
A une époque où la médecine occidentale se remet elle-même en question sur bien des points (résistance aux antibiotiques, effets secondaires fréquents, coût élevé de nombreux traitements…) et où bien des personnes, en Europe ou aux Etats-Unis, se tournent vers les médecines dites parallèles ou alternatives, on ne peut que rendre hommage au travail pionnier d’Yvette Parès et de son équipe de Keur Massar.
Les recherches et analyses d’Yvette Parès n’ont, il est vrai, pas toujours reçu un écho positif. Selon elle, beaucoup de médecins et d’Etats africains étaient trop « pris par le mirage occidental », autrement dit par l’idée d’une soi-disant supériorité de la médecine occidentale, pour accepter ses idées. Malgré ses compétences scientifiques indéniables, elle fut aussi critiquée par des ONG d’aide aux lépreux ou aux sidéens pour avoir osé affirmer, preuves à l’appui, que les médecines traditionnelles africaines proposaient des traitements efficaces contre ces maladies.

Puiser le meilleur dans la médecine occidentale 
et la médecine traditionnelle

Pourtant, de grandes nations du « Sud » n’ont aucun complexe vis-à-vis de la médecine occidentale : en Chine, les malades sont soignés en grande partie dans des hôpitaux traditionnels. Il en va de même en Inde, où la médecine ayurvédique, millénaire, est toujours très pratiquée. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’opposer médecine occidentale et médecine traditionnelle mais de puiser dans chacune d’elles ce qu’il y a de meilleur, donc de ne pas regarder avec condescendance, voire avec mépris, la médecine traditionnelle. Le fait que le Sénégal possède une telle richesse thérapeutique, un tel savoir ancestral, devrait au contraire être une source de fierté pour les Sénégalais. C’est sans doute cela que nous a appris Yvette Parès. 
C’est dans cet esprit qu’elle créa l’association Rencontre des Médecines en 1998.

Djibril Bâ, secrétaire général de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, ajoute qu’Yvette Parès, qu’il a bien connue, avait une conception très humaniste de la médecine : « L’hôpital qu’Yvette Parès avait construit était un paradis sur terre : elle croyait qu’en dehors des médications et de soins, une bonne alimentation et un meilleur environnement naturel, social et sanitaire étaient indispensables à la guérison. Dans l’Hôpital, les patients étaient bien nourris et entourés de leur famille (une école a été créée pour leurs enfants)… Certains s’y mariaient… Ils étaient heureux, donc ils préservaient leur santé. Le Dr Parès distribuait un tonne de riz par mois, et bien d’autres denrées. Son bilan est aussi éminemment humain. »

Vers une révolution thérapeutique

Il est des situations qui semblent bien établies et qui soudain vacillent et finissent par s’effondrer. Un tel scénario se dessine pour la médecine occidentale héritée du XXe siècle et qui, persuadée de sa supériorité, avait imposé sa tutelle mondiale. Malgré de vastes connaissances acquises dans les sciences fondamentales, la précision de ses diagnostics, les prouesses chirurgicales, les techniques de pointe, un talon d’Achille caché sous un masque de puissance la fragilisait : la thérapeutique.

Les esprits les plus pénétrants ne l’avaient pas soupçonné tant était grandes la quiétude et la foi placées dans la science. Les remèdes chimiques constituaient la pointe du progrès, les savoirs ancestraux, les médecines traditionnelles ne recevaient que rejet et mépris.
En ce début du XXIe siècle surgit le temps des bouleversements, des désillusions. Aux faiblesses et méfaits déjà connus et qui s’amplifient – antibiothérapie en déclin, germes résistants, maladies nosocomiales, tuberculoses hyper résistantes, maladies iatrogènes – vient s’ajouter un nouveau péril qui suscite stupeur et effroi. Il s’agit de la pollution médicamenteuse de l’eau jusqu’aux nappes souterraines. Les répertoires des médicaments, tel le Vidal en France, seront les témoins, pour les générations futures, des égarements et erreurs d’une époque qui avait semblé glorieuse.
Un contexte aussi préoccupant ne peut s’éterniser. On ne peut continuer à corrompre l’eau jusque dans ses réserves. Que subsistera-t-il alors de l’édifice thérapeutique établi au XXe siècle sur le « tout-chimie » ? Sans un sursaut pris à temps, vide et impuissance vont poindre à l’horizon. La pollution médicamenteuse apparaît comme un véritable séisme qui secoue jusqu’à ses fondements la médecine scientifique dite « moderne », totalement dépendante pour sa thérapeutique des synthèses réalisées par les laboratoires pharmaceutiques.
Alors qu’elle croyait en sa pérennité, la situation actuelle va nécessairement imposer un renouvellement total des conceptions, une révolution dans les moyens de soigner, soulager et guérir.
Ces constations doivent rapidement se frayer un chemin afin de préparer les esprits aux démarches qui s’imposeront inéluctablement dans un futur plus ou moins proche.

Abordons ces démarches :

Le retour à la nature, pharmacie géante pourvue de toutes les possibilités.

 L’exploration des savoirs anciens conservés dans les ouvrages et documents du passé. Mais, fait regrettable, nous n’avons plus de maîtres comparables à ceux des médecines traditionnelles pour nous enseigner le savoir, le savoir-faire ni la conduites des traitements pour les maladies des plus bénignes aux plus graves. Le travail n’en sera que plus ardu mais il ne doit pas nous décourager. Médecins et pharmaciens, parmi les plus talentueux, faciliteront sans doute la réactualisation et l’élargissement des ressources thérapeutiques puisées dans les flores médicinales européennes.

  Les modifications profondes dans la formation universitaire dispensée aux étudiants en médecine et en pharmacie.

 De plus seraient à prévoir des sorties sur le terrain afin de connaître les plantes médicinales dans leur habitat et de retrouver le contact avec les énergies qui traversent la nature. En même temps seraient réappris silence, concentration, calme intérieur qui permettraient ultérieurement une meilleure écoute des patients.

 L’intensification des cultures « bio » des plantes médicinales, herbacées, arbustes et arbres, y compris les vignobles.

 L’augmentation du nombre des préparateurs en pharmacie compétents pour les actes galéniques.

 La remise à l’honneur, en France, du diplôme d’herboriste qui reconnaît ces auxiliaires utiles de la santé, les autres pays européens étant déjà organisés dans ce domaine.

 L’augmentation du nombre des laboratoires spécialisés dans les remèdes phytothérapeutiques.

 L’élaboration de lois éclairées facilitant l’exercice des médecins et pharmaciens, et adaptées à la thérapeutique du futur où rigueur et simplicité iraient souvent de pair.

 La création d’une nouvelle Organisation Mondiale de la Santé (OMS)regroupant l’ensemble des médecines de la planète, dont chacune détient une part du vaste patrimoine thérapeutique de l’humanité.
En conclusion, la médecine occidentale doit redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une médecine « verte » reliée aux forces de vie de la nature, non asservie aux puissances matérielles, entièrement libre, laissant aux praticiens toutes leurs prérogatives, leur initiative imprégnée de sagesse, efficace et sans danger de pollution, dans un grand respect de l’Univers.
Ces conditions réunies, l’avenir verrait sans doute se détacher, comme par le passé, des noms célèbres qui traverseraient les siècles.
Dr Yvette Parès
Professeur à l’Université de Dakar de 1960 à 1992
Dr ès sciences, Dr en médecine
Directrice du centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992
Directrice de l’Hôpital traditionnel de Keur Massar (Sénégal) de 1980 à 2003

Tuberculose : réorienter la thérapeutique

La tuberculose a longtemps sévi en Europe avec la réputation d’une maladie incurable. Aucun traitement efficace ne lui était opposé. Seules des prescriptions diététiques tentaient d’en ralentir l’évolution. L’avènement des antibiotiques et des antituberculeux de synthèse, dans la seconde moitié du XXe siècle, a transformé le pronostic et apporté la guérison. Cette victoire laissait espérer une parfaite maîtrise de la maladie, un acquis définitif pour le futur. Mais après des années de quiétude vint le temps des désillusions.

Les premiers cas de résistance du bacille commençaient d’apparaître. Leur nombre, au fil des années, ne cessa de s’amplifier. Ces antituberculeux du départ se révélaient une arme à double tranchant.
Une seconde vague de produits antituberculeux, moins actifs et plus toxiques, prit alors la relève. Il s’ensuivit des guérisons au prix de nouvelles résistances. Le début du XXIe siècle hérite ainsi des tuberculoses résistantes et ultrarésistantes, les deux dernières laissant impuissante la médecine officielle.
La prescription d’une troisième vague d’antituberculeux – hypothétiques et non souhaitables – ne ferait qu’aggraver le problème et conduire à des tuberculoses foudroyantes.
Cette situation souvent analysée, déplorée, qualifiée « d’urgence planétaire » n’a pas encore suscité l’interrogation capitale : comment sortir de l’impasse ? En d’autres termes, comment parvenir à des traitements bénéfiques qui, contrairement aux « thérapies moléculaires », demeureraient efficaces dans la durée, n’engendrant pas de résistances ?
La tuberculose n’affecte pas seulement l’Europe mais sévit partout dans le monde, de plus exacerbée par le sida. Mais les autres continents disposent d’atouts : leurs médecines traditionnelles qui ont traversé les âges. Cependant, un lourd handicap les maintient dans l’ombre, l’absence d’un organisme où elles pourraient s’exprimer. Il serait urgent de s’informer de leurs capacités pour la lutte antituberculeuse.
Une longue expérience vécue au Sénégal (1980-2003) a montré que la médecine africaine, dans ce pays, détenait des traitements antituberculeux d’une remarquable efficacité. Des contacts auprès des médecines asiatiques, amérindiennes, océaniennes apporteraient une vision globale des possibilités thérapeutiques contre la tuberculose à travers le monde. Mais cet inventaire ne résoudrait pas le problème qui se pose en Europe et dont la solution est à rechercher activement. Un chemin permettrait sans doute d’y parvenir avec des investigations sur les connaissances qui subsistent des savoirs anciens, auxquels viendraient s’ajouter les données phytothérapiques acquises à l’époque contemporaine.
Des traitements antituberculeux auraient-ils existé dans le passé, suivis de disparition pour des causes obscures ? On peut le supposer si l’on considère le nombre des plantes médicinales citées contre la tuberculose dans les ouvrages anciens. Leur énumération en donnera une vision concrète :

  • absinthe, acanthe, aigremoine, aunée
  • bouillon blanc, bistorte
  • chêne, citronnier consoude, cyprès
  • eucalyptus
  • germandrée
  • houblon
  • lavande, lichen d’islande, lierre terrestre
  • marjolaine, marrube blanc, ményanthe
  • noyer
  • pin, plantain, potentille, prêle
  • renouée, rose
  • sauge
  • thym, tormentille

Toute démarche exige un premier pas. Les données qui vont suivre voudraient y contribuer.
Dans la recherche d’un renouveau thérapeutique contre la tuberculose seront considérés successivement les remèdes des anciens, les acquisitions contemporaines, les formules originales comportant des associations de plantes médicinales, en présumant de leur efficacité.

Remèdes anciens

Leur liste serait assez longue. Quelques-uns de ces remèdes, qui semblent particulièrement intéressants, sont cités en exemple. Leur prescription viendrait en complément du traitement principal.  

  • Élixir d’absinthe
  • Miel rosat et miel rosat additionné de poudre de prêle
  • Poudre d’aunée, bistorte, eucalyptus, myrte, rose.
  • Sirops de betterave rouge, de chou rouge, eucalyptus, hysope, myrte, noyer, pin bourgeons, plantain, rose rouge
  • Teintures d’ail, eucalyptus, myrte, peuplier bourgeons.
  • Tisanes d’aunée, eucalyptus, millepertuis et tisanes composées.
  • Vins d’aunée, basilic, lavande, noyer
  • Vinaigre rosat.

Acquisitions contemporaines

Elles ont trait à de nombreuses huiles essentielles dont quelques-unes méritent particulièrement d’être citées :

  • HE Cupressus sempervirens
  • HE Origanum compactum, d’action mycobactéricide
  • HE Melaleuca quinquinervia (niaouli)
  • HE Satureja montana
  • HE Thymus serpyllum
  • HE Thymus vulgaris
  • Formules nouvelles
  • Ces médications constitueraient le pivot des traitements. Elles portent le nom de Décoctions-Infusions-Macérations (DIM), les trois opérations étant successives.
  • Elles sont imitées de certaines préparations de l’art pharmaceutique pratiqué en médecine africaine, au Sénégal.
  • Les plantes sont utilisées sous forme de poudres et les proportions s’expriment en volumes (qui seraient traduits en poids, ultérieurement, en cas d’efficacité démontrée).
  • DIM n°1
  • Chêne, Ecorce……………….1 )
  • Bouleau, Ec…………………..1 ) 1 partie
  • Saule, Ec………………………1 )
  • Noyer, Feuilles……………….1 ) 2 parties
  • Prêle…………………………….1 )
  • Bistorte, Racine……………..1 )
  • Patience, R……………………1 )
  • Aunée, R……………………….3 )
  • Lierre terrestre………………2 ) 9 parties
  • Consoude, R………………….1 )
  • Renouée……………………….1 )
  • Ortie, R, F………………………2 )
  • Plantain…………………………1 )
  • Tormentille……………………..3 )
  • DIM n° 2
  • Chêne, Ecorce………………..1 )
  • Bouleau, Ec……………………1 ) 1 partie
  • Hêtre, Ec……………………….1 )
  • Noyer, Feuilles………………. ) 2 parties
  • Prêle……………………………..1 )
  • Bistorte………………………….1 )
  • Tormentille ……………………1 )
  • Potentille……………………….1 )
  • Aigremoine……………………1 ) 9 parties
  • Houblon, cônes………………2 )
  • Renouée………………………..2 )
  • Ortie……………………………1/2 )
  • Chicorée……………………….1/2 )
  • Pissenlit………………………..1/2 )
  • DIM n° 3
  • Chêne, Ecorce……………….1)
  • Hêtre, Ec………………………1 ) 1 partie
  • Saule, Ec………………………1 )
  • Noyer, Feuilles……………….. ) 2 parties
  • Rose…………………………….. )1 partie
  • Aunée, Racines………………. )2 parties
  • Plantain………………………… )1 partie
  • Potentille………………………2 )
  • Sauge…………………………..1 )
  • Lierre terrestre………………1 ) 5 parties
  • Pin, bourgeaon………………2 )
  • Bouillon blanc………………..1 )
  • Marrube blanc ……………….1 )

Mode d’emploi

Une cuillerée à soupe du mélange de poudres dans un litre d’eau. Porter à ébullition pendant deux à trois minutes. Laisser infuser jusqu’à refroidissement. Mettre le tout en bouteille de verre, sans filtrer.

Posologie

un verre à thé (= six cuillerées à soupe) avant les trois repas. Pour les enfants, adapter la dose. D’autres formules de DIM sont possibles. Les trois exposées ici sont données en exemple. Ces formules reposent sur les plantes médicinales des zones tempérées et méditerranéennes. Des médications similaires seraient sans doute possibles à partir des flores des régions nordiques.

En plus, des préparations administrées par voie interne pourraient s’ajouter en traitement externe, des inhalations ainsi que des lotions et frictions avec des vinaigres médicinaux et des huiles médicamenteuses dont les formules seraient faciles à établir.

Les traitements ainsi poroposés pourraient, dans une première étape, être prescrits aux patients tuberculeux dont les cas apparaissent désespérés.

En conclusion, les « thérapies moléculaires » antituberculeuses sont en sursis et appellent des solutions de rechange. Elles existent déjà au sein des médecines traditonnelles qui devraient faire entendre leurs voix. Pour l’Europe, des recherches actives sont nécessaires afin d’assurer, avec la meilleure efficacité, la continuité des soins.

Septembre 2009

Dr Yvette Parès

Professeur à l’Université de Dakar de 1960 à 1992

Dr ès sciences, Dr en médecine en médecine

Directrice du centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992

Directrice de l’Hôpital traditionnel de Keur Massar (Sénégal) de 1980 à 2003

Remèdes naturels contre la grippe

Il règne autour de la grippe un climat des plus malsains. Tout est mis en œuvre pour susciter la panique avec la crainte d’une épidémie semblable à la grippe espagnole qui sévit entre 1915 et 1918. Mais l’excès peut aussi conduire à l’effet contraire : l’irritation ou l’indifférence généralisée. La lutte antigrippale devrait être menée conjointement par toutes les médecines de la planète disposant des médications appropriées.

Un premier scénario catastrophique entoura l’apparition de la grippe aviaire qui provoqua une ruée sur le Tamiflu, présenté comme le remède unique et de choix. Mais le désastre annoncé tourna court. Les victimes furent les milliers de poulets sacrifiés après une courte vie dans les conditions barbares des élevages industriels. On avait omis d’ajouter que ces populations animales fragilisées, surmédicalisées, constituaient des viviers d’où pouvaient surgir des agents pathogènes responsables de maladies nouvelles.

Alerte au virus H1N1

Une seconde alerte est lancée avec la grippe porcine, pour l’’instant sans réelle gravité. Mais on assiste aux prédictions, aux suppositions les plus alarmantes, sinon les plus extravagantes. Le virus A (H1N1) dont le nom savant peut impressionner les foules, serait susceptible de mutation qui le rendrait redoutable à l’automne prochain. On évoque, sur quelques critères, les 20 millions de personnes qui seraient frappées en France. On envisage la fermeture des écoles et le ralentissement dû aux absences dans les activités publiques. On suppose une prolongation de la crise économique. Une paralysie s’installerait dans tous les pays. Les prophètes de malheur ne ménagent pas leurs effets.
Des mesures ont déjà été prises : commande de masques de protection, de Tamiflu dont les réserves antérieures, en partie périmées, verront leur date de péremption reculée de deux ans : des millions de doses de vaccins qui peuvent se révéler inutiles en cas de mutation du virus actuel. D’autre part, des contrôles dans les aéroports avant l’embarquement se proposent de détecter les personnes éventuellement fébriles. Rien ne manque pour manipuler les esprits au sein de sociétés surmédicalisées. Finalement, à qui profite ce bruit qui défie tout bon sens ? Prévoyance et prudence ne sont pas à rejeter, à condition de demeurer dans la sagesse. Créer le stress ne peut qu’affaiblir les capacités de l’organisme et favoriser l’éclosion de la maladie. Affronter dans le calme les conditions adverses et rechercher les meilleurs moyens de défense constituerait une stratégie bénéfique.
Que représente, en réalité, le Tamiflu ? Cet antiviral peu efficace a déjà provoqué des résistances de l’agent pathogène, notamment aux Etats-Unis. Combien d’autres émergeront après sa prescription généralisée ? De plus, comme toutes les molécules de synthèse, il contribue à la pollution de l’environnement et de l’eau.

Des médicaments familiaux efficaces et faciles à se procurer

Pourquoi cette courte vue arrive à ignorer les moyens thérapeutiques du passé en Europe et à travers le monde ? La lutte antigrippale devrait être menée conjointement par toutes les médecines de la planète disposant des médications appropriées. A cet égard, on peut citer la médecine africaine, au Sénégal, qui ne serait pas démunie en cas de nécessité.
L’Europe pourrait, elle aussi, puiser dans les savoirs anciens, dans ce que furent ses médecines vertes, au cours des siècles.
Dans un but concret, afin d’éviter d’être pris au dépourvu en cas de véritable épidémie, quelques médications, retenues parmi d’autres sont exposées pour une contribution à la lutte antigrippale. Les ingrédients qui les composent sont faciles à se procurer et à conserver dans les familles. Ils permettraient de garder calme et sang-froid devant les difficultés qui pourraient survenir.

Cette énumération comporte différents types de préparations :

1- Décoction d’ail dans du lait (un verre par jour)

2- Infusion de l’une ou l’autre ce ces plantes médicinales : angélique, eucalyptus, bourgeons de pin ou de sapin. Une cuillerée à café dans une tasse d’eau bouillante. Infuser 10 minutes. Sucrer au miel.

3- Sirops d’argousier, d’eucalyptus ou de bourgeons de pin ou de sapin.

4- Tisanes composées :
Tisane antigrippale n°1 : 
⦁ Thym…………………….1 cuillère à café
⦁ Cannelle……………….1 grosse pincée
⦁ Girofle……………………..2 clous
⦁ Eau………………………250 ml
Décoction légère, infusion 10 minutes
Ajouter le jus d’un demi-citron.
Sucrer avec du miel
Action très bénéfique
Tisane antigrippale n° 2 :
⦁ Hibiscus…………………1 cuillère à café
⦁ Girofle……………………2 clous
⦁ Eau……………………….250 ml
Faire bouillir 5 minutes. Infuser 10 minutes
Sucrer au miel
Bonne efficacité
Tisane antigrippale n° 3 :
⦁ Lierre terrestre……………….60 g
⦁ Hysope…………………………60 g
⦁ Capillaire……………………….60 g
⦁ Coquelicot fl………………….10 g
⦁ Ronce………………………….30 g
Une cuillerée à soupe pour 250 ml d’eau bouillante.
Infuser 10 minutes. Sucrer au miel.
Cette tisane était autrefois considérée comme souveraine contre la grippe.

5- Vin chaud antigrippal :
⦁ Figues sèches…………..6
⦁ Amandes…………………100 gr
⦁ Girofle, clous…………….6
⦁ Gingembre……………….6 gr (= ½ cc)
⦁ Cannelle………………….10 gr (=1 cc)
⦁ Raisins de Corinthe……1 cuillère à soupe
⦁ Sucre……………………….150 g
⦁ Vin…………………………..1 litre
Ecraser légèrement figues, amandes et raisins secs.
Faire bouillir 5 minutes. Servir brûlant, 125 cc par personne, à partager en famille !
Préventif ou curatif.
D’après les Anciens, la grippe était coupée radicalement.
Ces remèdes simples sont faciles à préparer et à administrer. Des traitements plus complexes relèveraient de l’art de phytothérapeutes confirmés.
En conclusion, devant l’éventualité d’une épidémie largement répandue, les thérapeutiques autres que Tamiflu et les vaccins sont possibles. Il serait urgent de les sortir de l’ombre, en Europe et sur tous les continents. Les populations, avec sang-froid, pourraient prendre leur santé en mains.

Que vivent les lépreux avec leurs corps et leurs âmes ?

Le Dr Yvette Parès nous transmet trois histoires de patients qui venaient des villages de « reclassement social » (les léproseries au Sénégal) et furent soignés à l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar (HTKM).


A.T., homme de 35 ans, traité depuis de nombreuses années par la chimiothérapie

Il est arrivé à l’HTKM dans un état de grande faiblesse avec des taches cutanées, une paralysie cubitale droite et un mal perforant au talon droit (ulcère profond avec écoulement permanent).
Les troubles de la sensibilité (froid, chaud, tact, douleur) étaient très importants. Un exemple en donnera une idée concrète : ce patient fumait de temps à autre. Lorsque la cigarette était presque consumée, il n’en sentait pas la chaleur, il en résultait une brulûre dont il n’avait pas conscience, ne ressentant pas la douleur.
Le traitement antilépreux de la médecine traditionnelle le ramena progressivement à la santé. Pour la sensibilité cutanée, les tests pratiqués chaque semaine sur le membre supérieur droit montrèrent le retour d’une sensibilité normale à partir de l’épaule, sur environ 10 cm. Puis chaque semaine, on observait une avancée de 10 cm jusqu’au moment où la sensibilité fut retrouvée au niveau de la main. Il n’y eut plus de brûlure par les cigarettes.

Le mal perforant ancien reçut les soins appropriés :

  • lavage avec une décoction détergente ;
  • application d’une lotion antiseptique ;
  • introduction dans le mal perforant d’un mélange de poudres antiseptiques et cicatrisantes ;
  • application d’une pommade ;
  • puis un bandage était mis en place et une chaussette enfilée afin de le garder propre le plus longtemps possible. Le pansement avait lieu deux fois par semaine.

La guérison fut obtenue après un peu plus de 4 mois. Il n’y eut pas de récidive.
Les lépreux des rues de Dakar ont connu de même la guérison de leurs maux perforants plantaires, infirmité qui handicapait lourdement leur vie.

M.G., homme de 30 ans, traité depuis plusieurs années par la chimiothérapie

Il présentait une paralysie cubitale droite. Le tonus musculaire de la main était si faible qu’il ne pouvait tenir une feuille de papier entre le pouce et l’index : elle s’échappait invariablement.

Après quelques mois de traitement par voie interne, bains de mains et massages avec une huile médicamenteuse, le tonus était revenu au point que le patient participait, à l’arrivée de la voiture, au déchargement du matériel et des vivres.

R.F., jeune femme de 32 ans traitée auparavant par la chimiothérapie

Elle était arrivée dans un état de très grande faiblesse, avec des taches cutanées et une paralysie de la jambe droite conférant la démarche qualifiée de « steppage ». De plus, le visage était couvert d’ulcérations suintantes qui attiraient des nuées de mouches venues d’on ne sait où.

Le premier travail fut de la préserver de cette invasion par un chapeau de brousse muni d’une voilette en tissu assez transparent pour permettre la vision. Après quelques semaines de traitement, l’état général s’était fortement amélioré et les ulcérations cicatrisées. Le port du chapeau n’était plus nécessaire.

Deux anecdotes

1 – Des dames suisses au cœur généreux visitaient chaque année tous les villages de reclassement social du Sénégal, en d’autres termes les léproseries. Elles terminaient leur périple en venant à l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar.
Un jour, la dame qui, par sa personnalité, menait le groupe me dit :
« Ici, c’est le dessert ! » Par ces paroles, elle comparaît l’aspect de nos malades à ce qu’elles avaient observé en d’autres lieux.

2 – Des visiteurs venus à l’HTKM avaient croisé sur l’un des chemins intérieurs un groupe de patients fortement améliorés et qui se rendaient à diverses occupations. Une question me fut posée : « Qui sont ces personnes ? Ce ne sont pas des malades ? » Je leur dis que c’étaient bien des malades pour qui les traitements de la médecine africaine avaient eu ces effets bénéfiques.
Ces propos venus de profanes, n’appartenant pas au milieu de la santé, exprimaient de façon simple l’efficacité des traitements pratiqués à Keur Massar.
Le 21.09.09
Dr Yvette Parès
Professeur à l’Université de Dakar de 1960 à 1992
Dr ès-science
Dr en médecine
Directrice du centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992
Directrice de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar (Sénégal) de 1980 à 2003

Science et médecine

Le survol du temps apparaît nécessaire pour observer dans une juste perspective la rencontre récente de la science moderne et de la médecine des pays d’Occident. Il en est résulté une illusion aux graves conséquences, celle de la supériorité de la médecine scientifique sur l’ensemble des savoirs médicaux de la planète. Ceux-ci devenaient négligeables et devaient s’effacer devant la nouvelle venue. Mais la foi en la science, portée à son plus haut degré, a été l’arbre qui cache la forêt et empêche de voir les richesses d’autrui qui s’expriment dans toutes les médecines traditionnelles à travers le monde.

Il importe de quitter une illusion préjudiciable et d’aller à la découverte de ces médecines qui ont traversé les millénaires et que la science a repoussées.

A la découverte des médecines traditionnelles

De nombreux aspects sont à envisager :

1 – Les bases fondamentales

Toutes les médecines traditionnelles reposent sur une cosmologie, une vision de l’Univers, de la place de l’homme dans cet univers et de ses relations avec les mondes visible et invisible. De plus, elles considèrent le patient dans sa globalité : corps , âme, esprit.
Un exemple sera donné par la médecine chinoise, souvent évoquée en Occident. La cosmologie est fondée sur l’idée du Souffle originel, à la fois matière et esprit, et qui a donnée niassance :
 

  • au Yang, puissance active
  • au Yin, douceur réceptive
  • au Souffle du Vide médian, d’où sont issues toutes les formes de vie.

Le Souffle originel circule donc dans tous les êtres vivants qui sont ainsi interdépendants, en interactions réciproques constantes.
La pensée chinoise dit aussi que l’homme debout relie les énergies du Ciel et de la Terre. Ces énergies circulent en lui, selon des méridiens qui comportent les points d’acupuncture. La maladie résulte de désordres énergétiques causés par de nombreux facteurs : physiques, émotionnels et psychiques, groupés sous les termes d’énergies perverses.
Qu’en est-il pour les autres médecines traditionnelles ? Tous les peuples de la Terre se sont posé les mêmes questions existentielles et ont élaboré chacun leur propre cosmologie dont on ne connaît que de brèves esquisses.
Les pays d’Occident, sans aucune considération, ont qualifié ces peuples de « sauvages, archaïques, primitifs » alors que leurs conceptions pourraient apporter un renouveau dans notre monde en perte de sens, où règne un excès de rationalité et de technicité qui nous éloigne des vraies valeurs, des forces de la nature, des lois de l’Univers.
Médecines africaines, amérindiennes, des aborigènes et autres groupes de la famille humaine reposent sur des cultures, sur des croyances qui leur sont propres et sur les ressources médicinales de leur environnement. Elles ont ainsi répondu aux besoins des populations.

2 – Le mystère des origines

Le point de départ des médecines traditionnelles qui ont traversé les millénaires demeure un mystère qui ne peut être élucidé. Lorsque des écrits médicaux existent datant de trois ou quatre mille ans avant notre ère, jusqu’où plongent-elles leurs racines dans la nuit des temps antéhistoriques ? Nous ne saurons jamais ce que nous devons à nos très lointains ancêtres.
Diverses questions surgissent :

  • Comment sont apparues pour chaque médecine les premières vocations médicales chez des hommes et des femmes devant ces maladies qui frappaient les membres de leurs groupes ?
  • Quels soins pouvaient être apportés aux patients, à l’aube des médecines ?

3 – L’acquisition des connaissances sur les vertus des plantes médicinales

L’incertitude, l’ignorance régnaient dans ce domaine. Les connaissances approfondies sur les vertus des flores médicinales dans leurs environnements très diversifiés, sous toutes les latitudes, constituent encore de nos jours une énigme non résolue. On ne peut qu’admirer l’étendue du patrimoine ainsi accumulé au fil du temps, sur tous les continents.

4 – L’identification des maladies

Les hommes et les femmes médecins, à leurs débuts, se trouvaient devant une tâche difficile qui était de reconnaître et de classer les maladies, quelle que soit l’interprétation qui leur était donnée. Cette identification était indispensable pour l’élaboration de traitements appropriés.

5 – Les surprenantes connaissances thérapeutiques

Des approches encore trop limitées ont pu découvrir les surprenantes richesses thérapeutiques des médecines traditionnelles en activité dans le monde. Après la connaissance des vertus des plantes, d’autres démarches devaient gouverner l’élaboration de traitements adaptés aux pathologies identifiées.
 

  • Déterminer, pour chaque maladie, les associations de plantes les plus efficaces ainsi que leurs proportions relatives.
  • Définir les modes de préparations les plus adaptés aux affections en cause.
  • Préciser les posologies.
  • Enfin, le point culminant consistait en la conduite des traitements selon sagesse, logique et prudence.


L’ensemble des médecines du monde a eu à parcourir ces différentes démarches. Il convient encore d’ajouter que leurs thérapeutiques recourent aussi aux produits animaux et minéraux. D’autre part, elles incluent paroles de réconfort, prières, chants de guérison, musique, parfums, ainsi que des rituels et cérémonies au sein de la communauté.

6 – Quelques exemples de connaissances thérapeutiques 

  • La médecine amérindienne disposait de traitements pour le paludisme et avait guéri du scorbut au XVe siècle les navigateurs espagnols affligés de cette redoutable maladie.
  • A notre époque, un cas très particulier a été signalé. Un voyageur européen, parvenu en haute altitude dans les montagnes d’Amérique latine, avait été frappé d’un œdème aigu du poumon. Il fut sauvé par les soins d’un chaman.
  • La médecine africaine, au Sénégal, dispose de traitements remarquables couvrant l’étendue des pathologies médicales. On peut citer, entre autres, la tuberculose, le paludisme, les hépatites et autres affections virales, les dermatoses, les rhumatismes, l’hypertension artérielle, l’épilepsie, le diabète, etc.
  • Un cas particulier : les traitements de la lèpre atteignent la perfection

7 – Réflexions

Une question lancinante mobilise l’esprit. Comment des savoirs médicaux aussi étendus ont-ils pu se constituer dans toutes les médecines du monde ? L’Occident, dans la méconnaissance de leurs contenus, les a qualifiés « d’empiriques » ! Ces savoirs seraient issus d’observations fortuites, d’indications venant du comportement des animaux malades, dans la nature ? Mais ces explications qui contiennent sans doute une part de vérité apparaissent de bien faible valeur. Elles reflètent surtout un ensemble de préjugés.
Les praticiens traditionnels détiennent certainement les réponses à ces interrogations. Mais leur profession leur confère beaucoup de retenue. D’autre part, peut-être, estiment-ils que l’esprit occidental est peu apte à comprendre et admettre des réalités non « rationnelles » Et, selon une ligne de conduite, « on ne gaspille pas ses paroles » !
On peut cependant noter l’importance accordée aux rêves au cours desquels un enseignement thérapeutique serait dispensé.
D’autre part, en dehors des phénomènes de clairvoyance, on sait que les chamans, par des contacts avec le monde invisible, dans des états de conscience modifiés, recueillent des indications pour le traitement des patients qui ont recours à leurs soins.
Par ailleurs, le contact permanent avec la nature dans de grands espaces et le silence confèrent peut-être une sensibilité, des capacités que la vie citadine, le bruit et les excès de rationalité ne permettent pas de développer.

La médecine scientifique

L’exposé qui précède se proposait d’apporter un regard neuf sur les médecines traditionnelles enracinées dans un lointain passé et qui se sont développées sans lien avec la science moderne, qui n’avait pas encore vu le jour et qui, actuellement, veut les ignorer.

Il importe maintenant d’étudier la médecine scientifique, de rechercher quelle est sa véritable dimension et la place qu’elle doit occuper pour la santé du monde. En d’autres termes, quel a été le rôle de la science dans la médecine du XXe siècle.

1 – Les bases fondamentales

La médecine scientifique n’a qu’un peu plus d’un siècle d’existence, une durée infime par rapport aux médecines multimillénaires. Elle ne repose pas sur une vision cosmologique et n’aborde pas la maladie dans la complexité de l’homme, à la fois corps, âme et esprit. Elle se focalise sur le corps humain pour en comprendre le fonctionnement mormal et pathologique. Cette orientation a été poussée si loin que le corps humain lui-même devient « virtuel », réduit aux chiffres des analyses de laboratoire et aux images très particulières données par des appareils de haute technicité.
Il en résulte une médecine deshumanisée, angoissante, sans véritable réconfort pour le malade malgré le dévouement du personnel de santé.

2 – Les aspects positifs venus de la science

  • Un apport très important a été la mise en évidence des agents pathogènes responsables des maladies infectieuses bactériennes et virales, fongiques et parasitaires. La nature des « miasmes », vecteurs de la contagiosité était enfin révélée.
  • La découverte des vitamines et de leur rôle capital dans l’organisme, ce qui permit la guérison des maladies déroutantes qu’étaient les avitaminoses.
  • De grandes avancées dans les disciplines fondamentales : physiologie, histologie, biochimie, biophysique, biologie cellulaire, biologie moléculaire, immunologie, génétique. Ces données ont permis d’affiner les diagnostics jusqu’au niveau cellulaire, enzymatique, génétique mais n’ont pas donné les retombées thérapeutiques qui étaient espérées.

Un exemple précis, celui de l’hépatite C, montrera la distance qui sépare l’étendue des connaissances fondamentales et les déficiences de la thérapeutique mise en œuvre.

La structure du virus de l’hépatite C a été déterminée. Il comporte un brin d’ARN entouré d’une capside et d’une enveloppe.
L’ARN formé de 9400 nucléotides présente entre autres :

  • trois gènes codant les protéines de structure,
  • d’autres gènes nécessaires à la réplication du virus.

Les analyses de laboratoire ont montré des altérations cellulaires et les signes d’évolution vers la cirrhose.

Cet ensemble témoigne de travaux scientifiques très poussés. Mais qu’en est-il de la thérapeutique, elle-même dérivée de la science ? Elle apparaît peu satisfaisante, sans véritable efficacité, avec de lourds effets indésirables pour les patients.

  • L’interféron provoque un syndrome pseudogrippal prolongé, Il s’y ajoute une diminution des globules blances et des plaquettes sanguines, une dépression sévère, une hypo ou hyperthyroïdie.
  • L’antiviral prescrit, la Ribavudine, entraîne : hémolyse, dépression avec risque suidicaire, nausées, anorexie, prurit, douleur thoracique, friabilité et bris dentaires, effets tératogènes et embryotoxiques, altération prolongée du sperme.

L’exemple de l’hépatite C puisé parmi beaucoup d’autres n’est pas en faveur de l’euphorie qu’avait suscité l’avènement de la science moderne.

3 – Les aspects à double tranchant

La science avait permis de découvrir les antibiotiques actifs sur les germes pathogènes. Les antibiogrammes mettent en évidence leur sensibilité. Selon les cas se produisaient la lyse ou l’arrêt de la multiplication. Cette nouvelle thérapie semblait un acquis définitif. Mais les données scientifiques, au moment de la découverte, n’étaient que partielles. Elles laissaient dans l’ombre les capacités des bactéries à surmonter les conditions adverses. C’est ainsi que l’antibiothérapie a fait surgir des germes résistants, plus virulents, le sommet étant atteint avec les maladies nosocomiales.

Un phénomène de résistance identique a été engendré par la prescription des antipaludéens issus de la science chimique. La force du paludisme en est intensifiée.

4 – Les effets nocifs à court, moyen ou long terme

De la science est venue, pour la médecine occidentale, l’orientation vers le « tout-chimie », considéré comme un immense progrès. Mais la réalité offre un tout autre aspect.
Les effets nocifs de médicaments de synthèse se manifestent :

  • dès leur prescritpion, par des malaises variés ;
  • à court, moyen ou long terme par l’éventualité des maladies iatrogènes, graves et souvent mortelles.

Les noms de certains médicaments demeurent dans les mémoires après avoir causé des malformations foetales qui ont assombri la vie des enfants puis leur vie d’adulte.

5 – La pollution médicamenteuse

La science, par l’influence exercée sur la thérapeutique, est responsable d’un problème mondial : la pollution médicamenteuse de l’environnement et de l’eau.

Un bilan

Le bilan de la rencontre entre la science moderne et la médecine occidentale apparaît très contrasté : apports positifs et effets néfastes coexistent mais ces derniers apparaissent prépondérants.
La médecine scientifique a sauvé de nombreuses vies mais elle a aussi créé des maladies nouvelles et amplifié la force de fléaux anciens. De surcroît, elle ajoute sa propre pollution à celles déjà préexistantes.
Quel sera son devenir ? Comment redresser la barre pour retrouver un art médical efficace et sans danger ?
Tel est le problème qui sollicite ce début du XXIe siècle afin d’y apporter des solutions.
Les médecines traditionnelles, par leur vaste patrimoine thérapeutique, ont un grand rôle à jouer. Elles démontrent que science et médecine ne sont pas obligatoirement liées.
La médecine scientifique, par ses errements, montre que la science, avec ses données toujours incomplètes, peut apporter de grands dangers. A la lumière de tous ces faits, il apparaît que la politique sanitaire mondiale devrait s’engager dans le chemin du renouveau.
Dr Yvette Parès, le 1.10.2009

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