medecine

Science et médecine

Le survol du temps apparaît nécessaire pour observer dans une juste perspective la rencontre récente de la science moderne et de la médecine des pays d’Occident. Il en est résulté une illusion aux graves conséquences, celle de la supériorité de la médecine scientifique sur l’ensemble des savoirs médicaux de la planète. Ceux-ci devenaient négligeables et devaient s’effacer devant la nouvelle venue. Mais la foi en la science, portée à son plus haut degré, a été l’arbre qui cache la forêt et empêche de voir les richesses d’autrui qui s’expriment dans toutes les médecines traditionnelles à travers le monde.

Il importe de quitter une illusion préjudiciable et d’aller à la découverte de ces médecines qui ont traversé les millénaires et que la science a repoussées.

A la découverte des médecines traditionnelles

De nombreux aspects sont à envisager :

1 – Les bases fondamentales

Toutes les médecines traditionnelles reposent sur une cosmologie, une vision de l’Univers, de la place de l’homme dans cet univers et de ses relations avec les mondes visible et invisible. De plus, elles considèrent le patient dans sa globalité : corps , âme, esprit.
Un exemple sera donné par la médecine chinoise, souvent évoquée en Occident. La cosmologie est fondée sur l’idée du Souffle originel, à la fois matière et esprit, et qui a donnée niassance :
 

  • au Yang, puissance active
  • au Yin, douceur réceptive
  • au Souffle du Vide médian, d’où sont issues toutes les formes de vie.

Le Souffle originel circule donc dans tous les êtres vivants qui sont ainsi interdépendants, en interactions réciproques constantes.
La pensée chinoise dit aussi que l’homme debout relie les énergies du Ciel et de la Terre. Ces énergies circulent en lui, selon des méridiens qui comportent les points d’acupuncture. La maladie résulte de désordres énergétiques causés par de nombreux facteurs : physiques, émotionnels et psychiques, groupés sous les termes d’énergies perverses.
Qu’en est-il pour les autres médecines traditionnelles ? Tous les peuples de la Terre se sont posé les mêmes questions existentielles et ont élaboré chacun leur propre cosmologie dont on ne connaît que de brèves esquisses.
Les pays d’Occident, sans aucune considération, ont qualifié ces peuples de « sauvages, archaïques, primitifs » alors que leurs conceptions pourraient apporter un renouveau dans notre monde en perte de sens, où règne un excès de rationalité et de technicité qui nous éloigne des vraies valeurs, des forces de la nature, des lois de l’Univers.
Médecines africaines, amérindiennes, des aborigènes et autres groupes de la famille humaine reposent sur des cultures, sur des croyances qui leur sont propres et sur les ressources médicinales de leur environnement. Elles ont ainsi répondu aux besoins des populations.

2 – Le mystère des origines

Le point de départ des médecines traditionnelles qui ont traversé les millénaires demeure un mystère qui ne peut être élucidé. Lorsque des écrits médicaux existent datant de trois ou quatre mille ans avant notre ère, jusqu’où plongent-elles leurs racines dans la nuit des temps antéhistoriques ? Nous ne saurons jamais ce que nous devons à nos très lointains ancêtres.
Diverses questions surgissent :

  • Comment sont apparues pour chaque médecine les premières vocations médicales chez des hommes et des femmes devant ces maladies qui frappaient les membres de leurs groupes ?
  • Quels soins pouvaient être apportés aux patients, à l’aube des médecines ?

3 – L’acquisition des connaissances sur les vertus des plantes médicinales

L’incertitude, l’ignorance régnaient dans ce domaine. Les connaissances approfondies sur les vertus des flores médicinales dans leurs environnements très diversifiés, sous toutes les latitudes, constituent encore de nos jours une énigme non résolue. On ne peut qu’admirer l’étendue du patrimoine ainsi accumulé au fil du temps, sur tous les continents.

4 – L’identification des maladies

Les hommes et les femmes médecins, à leurs débuts, se trouvaient devant une tâche difficile qui était de reconnaître et de classer les maladies, quelle que soit l’interprétation qui leur était donnée. Cette identification était indispensable pour l’élaboration de traitements appropriés.

5 – Les surprenantes connaissances thérapeutiques

Des approches encore trop limitées ont pu découvrir les surprenantes richesses thérapeutiques des médecines traditionnelles en activité dans le monde. Après la connaissance des vertus des plantes, d’autres démarches devaient gouverner l’élaboration de traitements adaptés aux pathologies identifiées.
 

  • Déterminer, pour chaque maladie, les associations de plantes les plus efficaces ainsi que leurs proportions relatives.
  • Définir les modes de préparations les plus adaptés aux affections en cause.
  • Préciser les posologies.
  • Enfin, le point culminant consistait en la conduite des traitements selon sagesse, logique et prudence.


L’ensemble des médecines du monde a eu à parcourir ces différentes démarches. Il convient encore d’ajouter que leurs thérapeutiques recourent aussi aux produits animaux et minéraux. D’autre part, elles incluent paroles de réconfort, prières, chants de guérison, musique, parfums, ainsi que des rituels et cérémonies au sein de la communauté.

6 – Quelques exemples de connaissances thérapeutiques 

  • La médecine amérindienne disposait de traitements pour le paludisme et avait guéri du scorbut au XVe siècle les navigateurs espagnols affligés de cette redoutable maladie.
  • A notre époque, un cas très particulier a été signalé. Un voyageur européen, parvenu en haute altitude dans les montagnes d’Amérique latine, avait été frappé d’un œdème aigu du poumon. Il fut sauvé par les soins d’un chaman.
  • La médecine africaine, au Sénégal, dispose de traitements remarquables couvrant l’étendue des pathologies médicales. On peut citer, entre autres, la tuberculose, le paludisme, les hépatites et autres affections virales, les dermatoses, les rhumatismes, l’hypertension artérielle, l’épilepsie, le diabète, etc.
  • Un cas particulier : les traitements de la lèpre atteignent la perfection

7 – Réflexions

Une question lancinante mobilise l’esprit. Comment des savoirs médicaux aussi étendus ont-ils pu se constituer dans toutes les médecines du monde ? L’Occident, dans la méconnaissance de leurs contenus, les a qualifiés « d’empiriques » ! Ces savoirs seraient issus d’observations fortuites, d’indications venant du comportement des animaux malades, dans la nature ? Mais ces explications qui contiennent sans doute une part de vérité apparaissent de bien faible valeur. Elles reflètent surtout un ensemble de préjugés.
Les praticiens traditionnels détiennent certainement les réponses à ces interrogations. Mais leur profession leur confère beaucoup de retenue. D’autre part, peut-être, estiment-ils que l’esprit occidental est peu apte à comprendre et admettre des réalités non « rationnelles » Et, selon une ligne de conduite, « on ne gaspille pas ses paroles » !
On peut cependant noter l’importance accordée aux rêves au cours desquels un enseignement thérapeutique serait dispensé.
D’autre part, en dehors des phénomènes de clairvoyance, on sait que les chamans, par des contacts avec le monde invisible, dans des états de conscience modifiés, recueillent des indications pour le traitement des patients qui ont recours à leurs soins.
Par ailleurs, le contact permanent avec la nature dans de grands espaces et le silence confèrent peut-être une sensibilité, des capacités que la vie citadine, le bruit et les excès de rationalité ne permettent pas de développer.

La médecine scientifique

L’exposé qui précède se proposait d’apporter un regard neuf sur les médecines traditionnelles enracinées dans un lointain passé et qui se sont développées sans lien avec la science moderne, qui n’avait pas encore vu le jour et qui, actuellement, veut les ignorer.

Il importe maintenant d’étudier la médecine scientifique, de rechercher quelle est sa véritable dimension et la place qu’elle doit occuper pour la santé du monde. En d’autres termes, quel a été le rôle de la science dans la médecine du XXe siècle.

1 – Les bases fondamentales

La médecine scientifique n’a qu’un peu plus d’un siècle d’existence, une durée infime par rapport aux médecines multimillénaires. Elle ne repose pas sur une vision cosmologique et n’aborde pas la maladie dans la complexité de l’homme, à la fois corps, âme et esprit. Elle se focalise sur le corps humain pour en comprendre le fonctionnement mormal et pathologique. Cette orientation a été poussée si loin que le corps humain lui-même devient « virtuel », réduit aux chiffres des analyses de laboratoire et aux images très particulières données par des appareils de haute technicité.
Il en résulte une médecine deshumanisée, angoissante, sans véritable réconfort pour le malade malgré le dévouement du personnel de santé.

2 – Les aspects positifs venus de la science

  • Un apport très important a été la mise en évidence des agents pathogènes responsables des maladies infectieuses bactériennes et virales, fongiques et parasitaires. La nature des « miasmes », vecteurs de la contagiosité était enfin révélée.
  • La découverte des vitamines et de leur rôle capital dans l’organisme, ce qui permit la guérison des maladies déroutantes qu’étaient les avitaminoses.
  • De grandes avancées dans les disciplines fondamentales : physiologie, histologie, biochimie, biophysique, biologie cellulaire, biologie moléculaire, immunologie, génétique. Ces données ont permis d’affiner les diagnostics jusqu’au niveau cellulaire, enzymatique, génétique mais n’ont pas donné les retombées thérapeutiques qui étaient espérées.

Un exemple précis, celui de l’hépatite C, montrera la distance qui sépare l’étendue des connaissances fondamentales et les déficiences de la thérapeutique mise en œuvre.

La structure du virus de l’hépatite C a été déterminée. Il comporte un brin d’ARN entouré d’une capside et d’une enveloppe.
L’ARN formé de 9400 nucléotides présente entre autres :

  • trois gènes codant les protéines de structure,
  • d’autres gènes nécessaires à la réplication du virus.

Les analyses de laboratoire ont montré des altérations cellulaires et les signes d’évolution vers la cirrhose.

Cet ensemble témoigne de travaux scientifiques très poussés. Mais qu’en est-il de la thérapeutique, elle-même dérivée de la science ? Elle apparaît peu satisfaisante, sans véritable efficacité, avec de lourds effets indésirables pour les patients.

  • L’interféron provoque un syndrome pseudogrippal prolongé, Il s’y ajoute une diminution des globules blances et des plaquettes sanguines, une dépression sévère, une hypo ou hyperthyroïdie.
  • L’antiviral prescrit, la Ribavudine, entraîne : hémolyse, dépression avec risque suidicaire, nausées, anorexie, prurit, douleur thoracique, friabilité et bris dentaires, effets tératogènes et embryotoxiques, altération prolongée du sperme.

L’exemple de l’hépatite C puisé parmi beaucoup d’autres n’est pas en faveur de l’euphorie qu’avait suscité l’avènement de la science moderne.

3 – Les aspects à double tranchant

La science avait permis de découvrir les antibiotiques actifs sur les germes pathogènes. Les antibiogrammes mettent en évidence leur sensibilité. Selon les cas se produisaient la lyse ou l’arrêt de la multiplication. Cette nouvelle thérapie semblait un acquis définitif. Mais les données scientifiques, au moment de la découverte, n’étaient que partielles. Elles laissaient dans l’ombre les capacités des bactéries à surmonter les conditions adverses. C’est ainsi que l’antibiothérapie a fait surgir des germes résistants, plus virulents, le sommet étant atteint avec les maladies nosocomiales.

Un phénomène de résistance identique a été engendré par la prescription des antipaludéens issus de la science chimique. La force du paludisme en est intensifiée.

4 – Les effets nocifs à court, moyen ou long terme

De la science est venue, pour la médecine occidentale, l’orientation vers le « tout-chimie », considéré comme un immense progrès. Mais la réalité offre un tout autre aspect.
Les effets nocifs de médicaments de synthèse se manifestent :

  • dès leur prescritpion, par des malaises variés ;
  • à court, moyen ou long terme par l’éventualité des maladies iatrogènes, graves et souvent mortelles.

Les noms de certains médicaments demeurent dans les mémoires après avoir causé des malformations foetales qui ont assombri la vie des enfants puis leur vie d’adulte.

5 – La pollution médicamenteuse

La science, par l’influence exercée sur la thérapeutique, est responsable d’un problème mondial : la pollution médicamenteuse de l’environnement et de l’eau.

Un bilan

Le bilan de la rencontre entre la science moderne et la médecine occidentale apparaît très contrasté : apports positifs et effets néfastes coexistent mais ces derniers apparaissent prépondérants.
La médecine scientifique a sauvé de nombreuses vies mais elle a aussi créé des maladies nouvelles et amplifié la force de fléaux anciens. De surcroît, elle ajoute sa propre pollution à celles déjà préexistantes.
Quel sera son devenir ? Comment redresser la barre pour retrouver un art médical efficace et sans danger ?
Tel est le problème qui sollicite ce début du XXIe siècle afin d’y apporter des solutions.
Les médecines traditionnelles, par leur vaste patrimoine thérapeutique, ont un grand rôle à jouer. Elles démontrent que science et médecine ne sont pas obligatoirement liées.
La médecine scientifique, par ses errements, montre que la science, avec ses données toujours incomplètes, peut apporter de grands dangers. A la lumière de tous ces faits, il apparaît que la politique sanitaire mondiale devrait s’engager dans le chemin du renouveau.
Dr Yvette Parès, le 1.10.2009

DE LA SCIENCE OCCIDENTALE À LA MÉDECINE TRADITIONNELLE AFRICAINE

7 octobre 2009
Dr Yvette Parès

Docteur Yvette Parès:

Un parcours de la science occidentale

                                à la médecine traditionnelle africaine

 Quels enseignements ?

La recherche scientifique m’avait fortement attirée et passionnée. Trois domaines d’activités s’étaient succédés, ouvrant chacun un horizon nouveau: physiologie végétale, microbiologie du sol avec la mise en évidence de bactéries solubilisant l’or de minerais aurifères et enfin bactériologie avec, en particulier, le bacille de la lèpre, Mycobacterium leprae.

Ce germe était réputé incultivable car il avait résisté à tous les essais au cours d’un siècle. Néanmoins, il paraissait indispensable de reprendre les travaux malgré les difficultés prévisibles.

En 1982, selon les conceptions occidentales, j’exprimai dans la revue « France Africaine » cette nécessité:

Le point fondamental pour une véritable lutte antilépreuse est l’obtention de cultures du bacille de Hansen, de son nom scientifique Mycobacterium leprae.

La culture du germe lépreux rendrait possible, grâce à la technique des antibiogrammes, la recherche de nouveaux médicaments d’origine chimique ou végétale.

C’est dans cette optique dont le caractère réducteur et illusoire m’apparut plus tard que des travaux furent effectués à l’Université de Dakar au Sénégal, de 1969 à 1982.

Près de trois ans s’écoulèrent avec une multitude d’essais toujours négatifs lorsqu’un dernière expérimentation se révéla fructueuse. Une mycobactérie nouvelle était régulièrement cultivée à partir de produits pathologiques lépreux. De toute évidence, elle devait correspondre à M. Leprae.

Des antibiogrammes pratiqués montrèrent l’action bénéfique des plantes antilépreuses de la pharmacopée africaine. Il est des événemments qui bouleversent le cours d’une vie. Ces résultats scientifiques allaient jouer ce rôle inattendu.

La chimiothérapie avait montré toutes ses défaillances,: Les plantes antilépreuses apportaient une alternative qu’il fallait explorer. Une obligation éthique exigeait donc, pour le bien des malades, de demander le renfort d’un autre savoir, celui des praticiens traditionnels de haut niveau dont l’une des spécialités était la lèpre.

Malgré tous les obstacles décrits dans mon ouvrage, il me fut donné d’être accueillie en 1980 par un très grand maître Peul, Dadi Diallo. Puis d’autres thérapeutes vinrent étoffer notre équipe.

L’enseignement comportait la récolte des plantes en brousse,  et l’énoncé de leurs vertus médicinales. Venait ensuite la préparation des médicaments souvent très complexes et enfin la conduite des traitements, traitement général et compléments adaptés aux cas cliniques des patients.

Cet enseignement , par oralité, introduisait dans un monde nouveau, un art médical très différent de la médecine occidentale. Grand savoir, communion avec la nature et sagesse le caractérisaient.

Médecine holistique, la médecine africaine se révélait d’une surprenante richesse thérapeutique. On pouvait mesurer l’écart qui séparait le taitement chimique antilépreux limité à une seule visée: un germe, un produit pour le détruire et la complexité des traitements traditionnels.

A la prise en charge du caractère infectieux s’ajoutaient les médications pour l’élimination des toxines bactériennes et tissulaires pour tous les types de lésions et désordres physiques et psychiques qui se manifestent dans la maladie lépreuse.

Les traitements traditionnels ont atteint une étonnante perfection. Quant, au fil du temps, ont-ils été élaborés? Le mystère demeure et ne pourra être élucidé.

Les pays qui détiennent de telles possibilités – et avec une volonté politique – pourraient faire reculer une endémie qui sévit depuis la muit des temps et poursuit ses ravages sur quatre continents.

REFLEXIONS

  1. Sans connaître l’agent pathogène responsable de la lèpre, la médecine africaine au Sénégal a, depuis des temps anciens, élaboré des traitements complexes, d’une grande efficacité.

La culture préablable du bacille de Hansen n’était donc pas indispensable comme l’impliquaient les conceptions occidentales.

2)  La technique des antibiogrammes, tenue en haute estime durant quelques décennies, s’est      révélée une fausse alliée.

Le  temps a montré que tout antibiotique ou toute molécule de synthèse dirigés contre les germes, après des succès éphémères, engendrait des phénomènes de résistance avec l’émergence d’agents infectieux de virulence exacerbée. Le phénomène n’aurait pas manqué de se produire avec des antilépreux nouveaux , comme ce fut déjà le cas avec les anciens qui étaient prescrits

3)  Ces constatations m’avaient fait écrire, en 2004, en évoquant le travail gigantesque qu’avait nécessité l’obtention de la culture de la mycobactérie lépreuse:  Avions-nous travaillé en vain, dans nos chambres stériles, avec nos milliers de tubes et de flacons ensemencés?

La réponse, de toute évidence, n’était pas négative, nos résultats avaient ouvert de nouvelles perspectives et expliqué des phénomènes qui demeuraient obscurs. Mais le doute  ne nous en avait pas moins effleurés et perturbés »

  1. Ces phénomènes obscurs, ces « mystères » ainsi qu’ils étaient qualifiés suscitaient de vives interrogations et ne pouvaient que capter l’attention, dans la recherche scientifique. Ils se rapportaient à des faits cliniques.:

   – la soudaine réapparition d’une multitude de bacilles, chez des patients en « négativation bactériologique » considérés comme très améliorés.

  – la contagiosité de la lèpre tuberculoïde ne comportant que très peu de bacilles et jugée longtemps comme une « lèpre fermée ».

  1. Rechercher la solution de ces « mystères » s’imposait. Elle fut apportée par certains résultats de nos travaux.

Ils démontraient l’existence d’un cycle vital chez Mycobacterium leprae. Le bacille de Hansen en représente une des étapes. Une autre étape, capitale, est constituée par les « formes filtrables ». Ces éléments sphériques sont élaborés en grand nombre à l’intérieur du corps bacillaire puis libérés au moment de la lyse bactérienne. Très ténus, ils traversent les membranes filtrantes qui retiennent les bactéries et ne sont visibles qu’en microscopie électronique. Ils évoluent ensuite progressivement jusqu’au stade du bacille classiquement connu.

Ces éléments qui échappent aux examens de routine sont présents dans les liquides de l’organisme, d’où la contagiosité de toutes les formes de lèpre.

  1. Il ressort de l’ensemble de ces données que si la science n’a pu conduire à une thérapeutique antilépreuse, ella permis de percevoir les impératifs d’une véritable thérapie atteignant l’efficacité.

Il apparaît nettement que les traitements mis en oeuvre doivent assurer non seulement la destruction des bacilles mais agir aussi sur tous les éléments pathologiques du cycle vital de M. Leprae.

  1. L’efficacité des traitements antilépreux de la médecine africaine au Sénégal repose sans doute, ainsi qu’il est logique de le penser, sur une action globale des associations de plantes médicinales envers les différents aspects revêtus par l’agent responsable de la lèpre. En d’autres termes, toutes les étapes du cycle doivent être visées et neutralisées. Parallèlement, l’élimination de toxines ainsi produites constitue une obligation à ne pas négliger, afin d’éviter toute manifestation allergique malencontreuse.

CONCLUSION

Sur des bases autres que scientifiques, la médecine africaine a élaboré des thérapies antilépreuses de grande valeur.

La science, par les données fondamentales issues des travaux de laboratoire, a montré les exigences d’une véritable thérapeutique antilépreuse qui doit tenir compte de toutes les étapes du cycle vital du

bacille   Myctobacterium  Leprae.

La politique sanitaire mondiale concernant la lèpre devrait être révisée en fonction des perspectives nouvelles qui ont été dégagées

Dr Yvette Parès   7.10.2009

Professeur à l’Université de Dakar de 1960 à 1992

Dr ès-science

Dr en médecine

Directrice du centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992

Directrice de l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar (Sénégal) de 1980 à 2003

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