Tuberculose : réorienter la thérapeutique

La tuberculose a longtemps sévi en Europe avec la réputation d’une maladie incurable. Aucun traitement efficace ne lui était opposé. Seules des prescriptions diététiques tentaient d’en ralentir l’évolution. L’avènement des antibiotiques et des antituberculeux de synthèse, dans la seconde moitié du XXe siècle, a transformé le pronostic et apporté la guérison. Cette victoire laissait espérer une parfaite maîtrise de la maladie, un acquis définitif pour le futur. Mais après des années de quiétude vint le temps des désillusions.

Les premiers cas de résistance du bacille commençaient d’apparaître. Leur nombre, au fil des années, ne cessa de s’amplifier. Ces antituberculeux du départ se révélaient une arme à double tranchant.
Une seconde vague de produits antituberculeux, moins actifs et plus toxiques, prit alors la relève. Il s’ensuivit des guérisons au prix de nouvelles résistances. Le début du XXIe siècle hérite ainsi des tuberculoses résistantes et ultrarésistantes, les deux dernières laissant impuissante la médecine officielle.
La prescription d’une troisième vague d’antituberculeux – hypothétiques et non souhaitables – ne ferait qu’aggraver le problème et conduire à des tuberculoses foudroyantes.
Cette situation souvent analysée, déplorée, qualifiée « d’urgence planétaire » n’a pas encore suscité l’interrogation capitale : comment sortir de l’impasse ? En d’autres termes, comment parvenir à des traitements bénéfiques qui, contrairement aux « thérapies moléculaires », demeureraient efficaces dans la durée, n’engendrant pas de résistances ?
La tuberculose n’affecte pas seulement l’Europe mais sévit partout dans le monde, de plus exacerbée par le sida. Mais les autres continents disposent d’atouts : leurs médecines traditionnelles qui ont traversé les âges. Cependant, un lourd handicap les maintient dans l’ombre, l’absence d’un organisme où elles pourraient s’exprimer. Il serait urgent de s’informer de leurs capacités pour la lutte antituberculeuse.
Une longue expérience vécue au Sénégal (1980-2003) a montré que la médecine africaine, dans ce pays, détenait des traitements antituberculeux d’une remarquable efficacité. Des contacts auprès des médecines asiatiques, amérindiennes, océaniennes apporteraient une vision globale des possibilités thérapeutiques contre la tuberculose à travers le monde. Mais cet inventaire ne résoudrait pas le problème qui se pose en Europe et dont la solution est à rechercher activement. Un chemin permettrait sans doute d’y parvenir avec des investigations sur les connaissances qui subsistent des savoirs anciens, auxquels viendraient s’ajouter les données phytothérapiques acquises à l’époque contemporaine.
Des traitements antituberculeux auraient-ils existé dans le passé, suivis de disparition pour des causes obscures ? On peut le supposer si l’on considère le nombre des plantes médicinales citées contre la tuberculose dans les ouvrages anciens. Leur énumération en donnera une vision concrète :

  • absinthe, acanthe, aigremoine, aunée
  • bouillon blanc, bistorte
  • chêne, citronnier consoude, cyprès
  • eucalyptus
  • germandrée
  • houblon
  • lavande, lichen d’islande, lierre terrestre
  • marjolaine, marrube blanc, ményanthe
  • noyer
  • pin, plantain, potentille, prêle
  • renouée, rose
  • sauge
  • thym, tormentille

Toute démarche exige un premier pas. Les données qui vont suivre voudraient y contribuer.
Dans la recherche d’un renouveau thérapeutique contre la tuberculose seront considérés successivement les remèdes des anciens, les acquisitions contemporaines, les formules originales comportant des associations de plantes médicinales, en présumant de leur efficacité.

Remèdes anciens

Leur liste serait assez longue. Quelques-uns de ces remèdes, qui semblent particulièrement intéressants, sont cités en exemple. Leur prescription viendrait en complément du traitement principal.  

  • Élixir d’absinthe
  • Miel rosat et miel rosat additionné de poudre de prêle
  • Poudre d’aunée, bistorte, eucalyptus, myrte, rose.
  • Sirops de betterave rouge, de chou rouge, eucalyptus, hysope, myrte, noyer, pin bourgeons, plantain, rose rouge
  • Teintures d’ail, eucalyptus, myrte, peuplier bourgeons.
  • Tisanes d’aunée, eucalyptus, millepertuis et tisanes composées.
  • Vins d’aunée, basilic, lavande, noyer
  • Vinaigre rosat.

Acquisitions contemporaines

Elles ont trait à de nombreuses huiles essentielles dont quelques-unes méritent particulièrement d’être citées :

  • HE Cupressus sempervirens
  • HE Origanum compactum, d’action mycobactéricide
  • HE Melaleuca quinquinervia (niaouli)
  • HE Satureja montana
  • HE Thymus serpyllum
  • HE Thymus vulgaris
  • Formules nouvelles
  • Ces médications constitueraient le pivot des traitements. Elles portent le nom de Décoctions-Infusions-Macérations (DIM), les trois opérations étant successives.
  • Elles sont imitées de certaines préparations de l’art pharmaceutique pratiqué en médecine africaine, au Sénégal.
  • Les plantes sont utilisées sous forme de poudres et les proportions s’expriment en volumes (qui seraient traduits en poids, ultérieurement, en cas d’efficacité démontrée).
  • DIM n°1
  • Chêne, Ecorce……………….1 )
  • Bouleau, Ec…………………..1 ) 1 partie
  • Saule, Ec………………………1 )
  • Noyer, Feuilles……………….1 ) 2 parties
  • Prêle…………………………….1 )
  • Bistorte, Racine……………..1 )
  • Patience, R……………………1 )
  • Aunée, R……………………….3 )
  • Lierre terrestre………………2 ) 9 parties
  • Consoude, R………………….1 )
  • Renouée……………………….1 )
  • Ortie, R, F………………………2 )
  • Plantain…………………………1 )
  • Tormentille……………………..3 )
  • DIM n° 2
  • Chêne, Ecorce………………..1 )
  • Bouleau, Ec……………………1 ) 1 partie
  • Hêtre, Ec……………………….1 )
  • Noyer, Feuilles………………. ) 2 parties
  • Prêle……………………………..1 )
  • Bistorte………………………….1 )
  • Tormentille ……………………1 )
  • Potentille……………………….1 )
  • Aigremoine……………………1 ) 9 parties
  • Houblon, cônes………………2 )
  • Renouée………………………..2 )
  • Ortie……………………………1/2 )
  • Chicorée……………………….1/2 )
  • Pissenlit………………………..1/2 )
  • DIM n° 3
  • Chêne, Ecorce……………….1)
  • Hêtre, Ec………………………1 ) 1 partie
  • Saule, Ec………………………1 )
  • Noyer, Feuilles……………….. ) 2 parties
  • Rose…………………………….. )1 partie
  • Aunée, Racines………………. )2 parties
  • Plantain………………………… )1 partie
  • Potentille………………………2 )
  • Sauge…………………………..1 )
  • Lierre terrestre………………1 ) 5 parties
  • Pin, bourgeaon………………2 )
  • Bouillon blanc………………..1 )
  • Marrube blanc ……………….1 )

Mode d’emploi

Une cuillerée à soupe du mélange de poudres dans un litre d’eau. Porter à ébullition pendant deux à trois minutes. Laisser infuser jusqu’à refroidissement. Mettre le tout en bouteille de verre, sans filtrer.

Posologie

un verre à thé (= six cuillerées à soupe) avant les trois repas. Pour les enfants, adapter la dose. D’autres formules de DIM sont possibles. Les trois exposées ici sont données en exemple. Ces formules reposent sur les plantes médicinales des zones tempérées et méditerranéennes. Des médications similaires seraient sans doute possibles à partir des flores des régions nordiques.

En plus, des préparations administrées par voie interne pourraient s’ajouter en traitement externe, des inhalations ainsi que des lotions et frictions avec des vinaigres médicinaux et des huiles médicamenteuses dont les formules seraient faciles à établir.

Les traitements ainsi poroposés pourraient, dans une première étape, être prescrits aux patients tuberculeux dont les cas apparaissent désespérés.

En conclusion, les « thérapies moléculaires » antituberculeuses sont en sursis et appellent des solutions de rechange. Elles existent déjà au sein des médecines traditonnelles qui devraient faire entendre leurs voix. Pour l’Europe, des recherches actives sont nécessaires afin d’assurer, avec la meilleure efficacité, la continuité des soins.

Septembre 2009

Dr Yvette Parès

Professeur à l’Université de Dakar de 1960 à 1992

Dr ès sciences, Dr en médecine en médecine

Directrice du centre de recherches biologiques sur la lèpre de 1975 à 1992

Directrice de l’Hôpital traditionnel de Keur Massar (Sénégal) de 1980 à 2003